Le glacier de la mer de glace
Deuxième glacier d'Europe après celui D'Aletsch en Suisse (7 kilomètres de long et 200 mètres d'épaisseur), il nait de la jonction du glacier du Géant et du glacier de Leschaux.
Ce glacier est considéré comme un glacier de vallée, ayant façonné le relief, à la différence des langues glaciaires de versant (comme les Bossons) qui n’ont pas d’incidence sur le relief.
A l'extrémité de sa langue terminale, sort l'Arveyron qui est un des torrents principaux de l'Arve.
Sommaire
Le panorama depuis la gare du Montenvert.
Datations des retraits glaciaires à la fin du Wurm.
L’environnement et les avancées glaciaires.
Le panorama depuis la gare du Montenvert.
Le petit train du Montenvert permet d'accéder au dessus de la partie basse de la langue glaciaire et d'apprécier le panorama des grands Montets à l'est des Drus jusqu'à l'Aiguille de Blaitière.
Voir repère 4 dans l'image Google
Les glaciers sont des masses de glace en mouvement gravitaire. Aujourd’hui la ligne d’équilibre entre les parties glaciaires où les précipitations neigeuses s’accumulent et augmentent l‘épaisseur des glaces (zone d’accumulation où le bilan de masse est positif) et les parties glaciaires où la fusion des glaces est supérieure aux précipitations neigeuses (zone d’ablation, où le bilan de masse est négatif) se situe environ à 2900 mètres.
En été, cette séparation est nette dans le paysage puisque la partie supérieure est blanche de par le maintien des neiges fraîches et la partie inférieure est grise, apparence d’une glace salie, dépourvue de couverture neigeuse
Sur cette photo on peut identifier une limite d'érosion appelée trimline. Celle ci délimite une partie avale où l’altération, d'origine glaciaire est de nature abrasive, d’une partie amont, où l’érosion/altération météoritique et cryogénique donne des reliefs escarpés, avec des aiguilles, des dentelles, des clochetons. Dans la partie avale, le retrait glaciaire amorcé depuis la fin du Wurm laisse apparaître des affleurements moutonnés, des roches dites en "dos de baleine".
Cette limite est bien visible dans la barre de relief menant à l’Aiguille de la République, dans la direction de la Dent du Géant.
Coté Drus, elle correspond à la limite de la pelouse alpine et du front morainique du glacier du NantBlanc, déposé à la fin du petit âge glaciaire (PAG)
Au milieu du printemps et jusqu’en été, à partir de la ligne d’équilibre correspondant à la position des séracs, il n’y a plus de couverture neigeuse. Les éléments détritiques vont alors se déposer et foncer la glace. A la fin de l’été, les neiges en recouvrant à nouveau cette partie de la langue glaciaire, vont la blanchir, jusqu’au printemps suivant. Ainsi, à la façon des cernes des arbres, les glaciers vont matérialiser les périodes annuelles par cette succession de zones sombres et de zones claires. La vitesse d’écoulement étant plus grande au centre, ces alternances sombres et claires vont prendre l’allure d’un arc tourné vers les vallées. On donne le nom de bandes de Forbes à ces stries annuelles.
Datations des retraits glaciaires à la fin du Wurm.
Les moraines frontales et/ou latéro-frontale sont des dépôts d’objets hétérométriques (des argiles aux blocs plurimétriques) se réalisant lors d’une avancée du glacier dans une phase globale de retrait glaciaire.
Ce retrait peut- être daté.
Deux méthodes sont utilisées.
La radio-isotopie avec;
Le beryllium 10 ; élément cosmogénique qui peut-être mesuré sur les roches à l’affleurement ; la quantité mesurée étant proportionnelle au temps d’exposition de cet affleurement avec l’atmosphère, c'est-à-dire depuis le retrait des glaces.
Le carbone 14, mesuré dans les bois "morts" prisonniers des moraines déposées. L'arrêt de la photosynthèse par ces végétaux signent la fermeture du système ( il n'y a plus d'échange d'éléments chimiques avec le réservoir atmosphère par exemple), et donc la mesure de la décroissance de l'élément père ( 14C) donne l' âge du dépôt.
Les résultats obtenus indiquent des âges compris entre 1300 et 1850ans p.j.c.
Une deuxième méthode est basée sur l’observation de lichen, organismes pionniers, pouvant se développer sur des périodes extrêmement longues et capables de coloniser des milieux extrêmes. Rhizocarpon geographicum est un lichen qui a une croissance de quelques centièmes de millimètres par an. Cette caractéristique permet de dater leur roches-support en mesurant le rapport taille et vitesse de croissance.
Rhizocarpon geographicum est aussi appelé lichen carte géographique à cause de la forme de son thalle jaune découpé qui laisse apparaître l'hypothalle noir. Les apothécies noires sont localisées entre les compartiments du thalle.
L’environnement et les avancées glaciaires.
Sur ces photos on distingue nettement les différences de couverture végétale ; au premier plan les mélèzes au feuillage clair et derrière des résineux (Epicéas) au feuillage plus sombre. Ces derniers constituent le climax dans ces milieux alpins, mais les mélèzes espèce héliophile se développent plus rapidement et « occupent le terrain » avant que ne s’implantent les pins. Cette délimitation très nette dans le paysage traduit le retrait de la langue glaciaire depuis la fin du PAG. Les glaciers, il y a 150 ans remontaient jusqu’ici.
Autre signature de l’existence de glaciers passés, les figures d’érosion abrasive sur ces affleurements en « dos de baleine »
Les stries glaciaires Les cannelures Les traces de torrents sous glaciaires.
Une photographie du dernier dépôt morainique ( 1993) dans la partie basale de la Mer de Glace
Les blocs morainiques arrachés au massifs cristallins de bordure sont des gneiss leucocrates montrant une linéation minéralogique des ferro-magnésiens et des phénocristaux d’orthose.
Des enclaves mélanocrates (restites) traduisent une hétérogénéité des matériaux soumis aux contraintes thermodynamiques.