Oscillopsie: atteinte de la fonction vestibulaire
En 1952, un physicien nommé John Crawford perdit de façon permanente la fonction de son appareil vestibulaire à la suite de surdoses de streptomycine ( le but de la médication était de traiter une forme de tuberculose articulaire du genou).
Voici ce qu?il dit :
« Durant ce premier jour, les symptômes augmentaient rapidement. Chaque mouvement dans le lit causait dorénavant des vertiges et des nausées, même lorsque je gardais les yeux ouverts.
Si je fermais les yeux, les symptômes étaient plus intenses. Tout d?abord, je trouvais qu?allongé sur le dos et sans bouger, en m?agrippant aux barreaux de la tête du lit, la situation était à peu près confortable. Ensuite, même dans cette position, la pulsation dans ma tête devint un mouvement perceptible, perturbant mon équilibre. »
Ce que ce patient ressentait correspond à peu près à ce que seraient les résultats d?une séquence prise en pointant une caméra droit devant, la maintenant contre sa poitrine, et marchant à allure normale en ville.
Il déclare d?ailleurs :
« Lors de la marche, je percevais trop de mouvement dans les images visuelles des alentours pour permettre la reconnaissance des détails fins?Etant incapable de distinguer les visages familiers des non familiers lorsque je marchais, la solution évidente était de prétendre reconnaître tout le monde. »
Le graphique de gauche montre la vitesse angulaire des mouvements horizontaux de la tête pour une séquence de quatre à cinq pas sur une période de 2s, ce qui correspond à une allure de marche ordinaire.
Les mouvements horizontaux des yeux par rapport à la tête ont à peu près la même vitesse, mais ils se font dans la direction opposée.
La vitesse de direction du regard est simplement la somme des vitesse de la tête et des yeux par rapport à la tête. La partie grisée délimite les vitesses de 2,5°/s vers la gauche et vers la droite. On constate que la vitesse du regard se situe principalement dans cette gamme.
D?après Grosman et al. 1989 et 1990 |
Une façon d?interpréter ces données est de dire que les mouvements oculaires sont capables de compenser presque tous les mouvements de la tête.
La situation change en cas d?atteinte de la fonction vestibulaire (graphique de droite).
Les rotations de la tête sont normales mais prudentes et les mouvements oculaires du patient par rapport à la tête ne sont plus une fidèle image en miroir des mouvements de la tête. Par conséquent, la vitesse du regard est plus élevée que normalement (elle dépasse souvent 2,5°/s).
On comprend alors que la vision soit floue pendant la marche et accompagnée d?un mouvement apparent du monde visuel.