océan glacial arctique (actuel)
Le comportement actuel de l'océan glacial
arctique face au réchauffement climatique
Présentation de l'océan glacial arctique :
L'océan glacial arctique actuel en hiver (source : http://visibleearth.nasa.gov)
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L''océan glacial arctique est un océan profond (plaines abyssales de -4000 m en moyenne) centré sur le pôle nord géographique, et bordant les masses continentales de la Sibérie, du Canada, de l'Alaska et du Groënland. En hiver, cet océan est complètement recouvert par des glaces de mer, soit plus de 14 millions de km2 (voir photo ci-dessus). En été, seule la moitié subsiste : ce sont les glaces pluriannuelles, d'une épaisseur moyenne de 3 m. Une partie des glaces annuelles, moins épaisses, est disloquée par les températures estivales et quitte l'océan glacial arctique vers le sud : soit 2000 à 3000 km3 de glaces dérivantes.
Variation saisonnière observée de l'extension de la banquise arctique en février et septembre (1986-1987). Les concentrations en glaces (échelle de couleur) sont calculées à partir des données de radiomètres microondes SMMR du satellite Nimbus de la NASA (d'après P. Gloersen et al., 1992) (Source : Lettre PIGB n°12 du CNRS : "L'océan glacial arctique aux avant-postes du changement climatique global", Marie-Noêlle Houssais, Jean-Claude Gascard) |
Les eaux chaudes (seulement quelques degrés) et salées de l'atlantique nord (par le biais du Gulf Stream puis de la Dérive Nord-Atlantique) pénètrent dans l'océan glacial arctique sous la glace de mer, ce qui accentue la fonte estivale. Ces eaux se mélangent aux eaux froides du bassin eurasien et ne dépassent pas la ride de Lomonosov.
Trajets de l'eau chaude et salée dans l'océan glacial arctique (modifié par Eric Denoux, d'après source : ACIA)
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Les signes du réchauffement climatique global en arctique :
On sait tout d'abord que la température moyenne de l'air, comme partout ailleurs, augmente depuis quelques décennies (voir document ci-dessous) : pour l'arctique, cela veut dire une augmentation significative de la fréquence des températures positives. De plus, les récentes mesures (équipes américaine et canadienne) de la température de l'eau dans l'océan glacial arctique ont mis en évidence des noyaux d'eau anormalement chaude (jusqu'à 1,7 °C) au-delà de la ride de Lomonosov : les eaux atlantiques, par le biais de la Dérive Nord-Atlantique, pénètrent donc plus avant dans l'océan glacial arctique. Des faits similaires ont été enregistrés dans la bassin canadien, avec des eaux pacifiques.
Evolution des températures (mesurées) en arctique de 1900 à aujourd'hui (source : ACIA)
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Les conséquences actuelles sur l'océan glacial arctique :
L'augmentation des températures de l'air et de l'eau va bien évidemment avoir un impact néfaste sur les glaces de mer. Des chercheurs de l'université de Washington estiment à près de 40% la diminution d'épaisseur des glaces pluriannuelles sur la période 1993-97 (par rapport à la période 1958-76), dont l'épaisseur moyenne est maintenant souvent inférieure à 2 m dans la partie centrale. Les deux documents suivants montrent les variations observées de l'extension des glaces arctiques en réponse au réchauffement climatique global. La tendance à la diminution semble bien installée depuis 1960. Cette fonte des glaces de mer, en plus de diminuer l'albédo global, enrichie l'océan glacial arctique en eau douce.
Extension (observée) des glaces arctiques de 1900 à aujourd'hui (source : ACIA)
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Vues satellitales (reconstitution ) de l'extension minimales des glaces arctiques (septembre) en 1979 et 2003 (source : ACIA)
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Une conséquence moins spectaculaire, mais tout aussi tragique :
L'océan glacial arctique reçoit les eaux de nombreux fleuves, sibériens ou canadiens pour les plus puissants.
Réseau fluvial alimentant l'océan glacial arctique (les chiffres indiquent le débit en km3/an) (source : ACIA)
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Or, le réchauffement climatique global implique aussi une augmentation des précipitations. Ces précipitations plus importantes augmentent significativement le débit des grands fleuves, comme le montre le document ci-dessous. L'océan glacial arctique reçoit donc des volumes beaucoup plus importants d'eau douce.
Relation (mesurée) entre le réchauffement global et l'apport fluvial printanier dans l'océan arctique, de 1940 à aujourd'hui (source : ACIA) |
CONSTAT ACTUEL
Nous avons donc un océan glacial arctique dont le dégel semble bien amorcé, et dont les eaux vont devenir de moins en moins salées.