47-La prévention du sida en milieu scolaire : pratiques d’enseignants de biologie en France et au Congo
SACADURA M., MARZIN P., CHARBONNIER F.
La prévention du sida en milieu scolaire : pratiques d’enseignants de biologie en France et au Congo
Santé publique, 2005, volume 17, n°2, pp. 211-226
Disponible en ligne : http://seed.imag.fr/WebSite/telechargements/MarzinSantPub06.pdf
Résumé
La prévention du VIH-Sida fait partie des programmes de biologie de collège et lycée en France et au Congo. Cet article présente les résultats d’analyse des représentations de 25 enseignants de biologie quant à leur rôle dans la prévention du sida en milieu scolaire, leurs objectifs et méthodes pédagogiques ainsi que leurs difficultés. Globalement, les enseignants ont une perception de rôle centré à la fois sur la transmission de connaissances, visant le savoir scientifique sur le sida (compréhension du virus, de sa transmission, de son action dans l’organisme jusqu’à la maladie) et sur la prévention, visant l’adoption de comportements de prévention (comment éviter l’infection par le virus et se protéger). La moitié des enseignants a une approche informative de la prévention, 7 enseignants ont une approche appropriative, 3 enseignants ont une approche persuasive. Les enseignants interrogés considèrent en majorité que le Sida n’est pas un thème scientifique comme un autre. Les difficultés exprimées par les enseignants face à la prévention du VIH/sida sont principalement liées au savoir scientifique et aux connaissances (manque de connaissances, besoin d’actualisation, inaptitude à répondre, connaissances erronées ou hétérogénéité des connaissances des élèves), aux valeurs culturelles et religieuses (gêne vis à vis des questions liées à la sexualité, au sida, à la mort,…), et à un manque de documentation - pour les enseignants congolais -, et de formation sur les sujets concernant l’éducation à la santé. Aucune difficulté n’est évoquée relative aux méthodes pédagogiques pour enseigner le sida. Or les sujets à visée préventive nécessitent des méthodes particulières (implication personnelle des élèves, projets, recherches, débats,…) dont la mise en œuvre pourrait représenter une difficulté pour les enseignants. Dans le même temps, les enseignants disent préférer déléguer à des intervenants extérieurs la prévention du sida parce qu’ils les considèrent comme des « spécialistes » du domaine détenant un savoir-faire spécifique et plus de connaissances sur les plans médical, psychologique, affectif et sexuel. Les difficultés peuvent être augmentées par « les contradictions entre les programmes de science de la vie et de la Terre qui renvoient à une conception mécaniste, voire hygiéniste du sida alors que les instructions officielles conseillent une démarche d’accompagnement ou une approche appropriative de prévention ».