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Le procès comme mise en scène de la lecture

Par cauge — Dernière modification 16/02/2024 15:23
Présentation de trois expérimentations menées au lycée en 2014 et 2015. Objectifs : travail de l'oral, écriture d'invention, lecture et compréhension d'une oeuvre, argumentation. Outil : framapad pour l'écriture collaborative
Licence Creative Commons
Le procès comme mise en scène de la Lecture de Claire Augé-Rabier est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

En novembre 2014, au TNP de Villeurbanne, j’ai pu découvrir la création Please, Continue (Hamlet) de Yan Duyvendak et Roger Bernat. Durant le temps de la représentation, le théâtre est palais de justice, le spectateur est citoyen et Hamlet est jugé. Cette expérience enrichissante a fait naître une réflexion didactique. Si Hamlet, dans l’œuvre de Yan Duyvendak et Roger Bernat, est davantage un nom pour protéger l’anonymat de l’accusé, ne pourrait-on pas questionner pleinement des œuvres voire des personnages fictifs ?

(Pour plus d'information sur cette oeuvre : www.tnp-villeurbanne.com/manifestation/please-continue-hamlet-nov-14-15)

Cette piste de travail a été expérimentée selon des modalités et des temporalités différentes avec trois classes différentes elles-aussi – 2nde, 1ère STMG et 1ère ES-, cette année. Expériences différentes mais néanmoins objectif unique : comment rendre l’élève acteur de sa lecture ?

L’ordre de présentation suit l’ordre chronologique de mes expérimentations : de la moins aboutie à la plus réussie.

Expérience 1 : Médée, faites entrer l’accusée. (Lycée, 1ère ES, fil conducteur de séquence)

Expérience 2 : La p*** respectueuse et son adaptation filmique (Lycée, 1ère STMG, 2 heures)

Expérience 3 : La Marquise de Merteuil jugée ! (Lycée, 2nde, environ 9 heures élèves)

 

Expérience 1 : Médée, faites entrer l’accusée

Classe : 1ère ES , lycée.

Profil : classe sympathique mais difficile à mettre au travail.

 

Date de l’expérience : Novembre 2014.

 

Œuvre intégrale : Médée de Corneille, XVIIème siècle.

Objet d’étude : Théâtre & Représentation.

Mise en place du projet : Séquence de 8 semaines.

 

Temps d’élaboration : *

Technicité : *

Réussite : *

 

Compétences pédagogiques travaillées :

Lecture et connaissance de deux œuvres.

Ecriture d’invention

 

Logiciel et outils mobilisé :

Logiciel d’écriture collaborative : framapad

 

L’objectif de la séquence autour de la tragédie de Corneille était de rédiger le dossier d’instruction de Médée en vue de son procès. L’idée originale était de créer une émission comme Faites entrer l’accusée mais le faible investissement des élèves et la charge de travail trop importante ont mis de côté cet aboutissement à l’époque.

Voici le contenu de ce dossier d’instruction :

o   Procès-verbal : description de la scène de crime. Le plan de ce procès-verbal a été réalisé en classe entière ; la rédaction a été partagée en plusieurs petits groupes de 4-5 élèves, en salle de cours habituelle.

o   Témoignage : Theudas, homme victime de la sorcellerie de Médée et témoin du meurtre de Créon et Créuse. La réflexion autour de l’exercice a été collaborative, la rédaction a été individuelle.

o   Réquisitoire : Contre Egée, accusé de complicité avec Médée. Ce texte a été rédigé seul en évaluation.

o   Lettre : officielle de Corneille expliquant à l’expert psychiatrique le portrait de Médée. Ce texte a été écrit par équipe de deux.

o   Interrogatoires d’écrivains : Euripide, Sénèque, Christa Wolf, Laurent Gaudé, Véronique Olmi sont interrogés pour décrire Médée. Ce travail était l’évaluation d’une lecture complémentaire d’une réécriture de Médée au choix. Il a été rédigé à la maison.

o   Témoignage : Médée. Ces textes ont été rédigés, en fin de séquence, collectivement grâce à l’outil Framapad. Il s’agissait de donner enfin voix à Médée, c’est-à-dire de lui donner un espace de parole.

 

Vous pouvez le voir dans le numéro 7 du Canard de Chaplin, à partir de la page 22.

http://www.lyceecharliechaplin.com/images/stories/canard/Le_canard_010115.pdf

 

Expérience 2 : La p*** respectueuse et son adaptation filmique

Classe : 1ère STMG, lycée.

Profil : classe sympathique et réactive aux exercices proposés.

 

Date de l’expérience : Décembre 2014.

 

Œuvre intégrale : La p*** respectueuse  de Sartre, XXème siècle.

Objet d’étude : Théâtre & Représentation.

Mise en place du projet : 2 heures en fin de séquence. Ouverture d’une Lecture Analytique pour le bac sur le dénouement de la pièce.  

 

Temps d’élaboration : *

Technicité : *

Réussite : **

 

Compétences pédagogiques travaillées :

Lecture et connaissance

Mise en place d’une argumentation

Travail de l’oral

 

Logiciels et outils mobilisés : Rien de particulier.

 

Mise en scène : changement de la géographie de la salle de cours.

 

La pièce de théâtre La p*** respectueuse de Jean-Paul Sartre a été adapté au cinéma par Charles Brabant et Marcello Pagliero en 1952.  La séquence d’ouverture du film avait déjà été analysée en début de séquence et la question de la réécriture s’était déjà posée en classe entière. Il s’agissait de conclure notre étude de cette œuvre intégrale en amenant les élèves à mobiliser leurs connaissances et leurs lectures au service d’une argumentation.

 

-          Séance 1 : Projection de la séquence et réactions des élèves. Un débat commence à naître

dans la classe. A ce moment-là, le professeur rebondit sur une remarque d’élèves : avons-nous le droit de changer ainsi une œuvre ? On bascule alors dans le jeu de rôle dont le professeur explique les règles. Imaginons que Sartre s’insurge contre ce changement – on n’expliquera aux élèves à la fin du travail que Sartre a été consulté pour la réalisation du film – et porte plainte contre Charles Brabant et Marcello Pagliero. La classe est coupée en deux : une équipe d’avocats de la défense, une équipe d’avocats de la partie civile. Les élèves, par petits groupes de quatre, doivent lister des arguments pour défendre ou accuser les réalisateurs.

 

-          Séance 2 :

La séquence est projetée une nouvelle fois (5 minutes)  et on laisse 15 minutes aux groupes pour revoir leurs notes. Pendant ce temps, le professeur change l’organisation de la classe : 2 rangées face à face pour les avocats porte-paroles (1 par groupe de 4), plusieurs rangs au fond pour le jury (les autres élèves).

Ensuite, le procès a lieu. Le professeur instaure une ambiance particulière en utilisant la rhétorique de la cour : Levez-vous s’il-vous-plaît, Maître, etc. Ce cadre peut paraître anecdotique mais est important.

Les porte-paroles de la partie civile s’expriment, puis les avocats de la défense. Enfin, un temps de réponse et d’argumentation développée s’instaure. ( 20 minutes)

Le jury doit alors délibérer et envoie des porte-paroles rendre les décisions (5 minutes)

Dans ma classe, la moitié du jury considérait les réalisateurs comme coupables, l’autre moitié comme non coupables. Cela a donc été l’occasion d’introduire l’exercice de la dissertation : il nous faut dépasser le problème en définissant la réécriture. (bilan 15 minutes)

 

Expérience 3 : La Marquise de Merteuil jugée !

Classe : 2nde, Lycée.

Profil : classe sympathique et réactive aux exercices proposés.

 

Date de l’expérience : Janvier- février 2015

 

Œuvre complémentaire : Les liaisons dangereuses  de Laclos, XVIIIème siècle. Les élèves n’ont lu que les parties 1 et 4 du roman et la fameuse lettre portrait 81

Objet d’étude : Argumentation. Séquence sur « La femme au XVIIIème siècle »

 

Mise en place du projet : environ 9 heures/ élève.  

 

Temps d’élaboration : **

Technicité : **

Réussite : **

 

Compétences pédagogiques travaillées :

Lecture et connaissance

Mise en place d’une argumentation

Travail de l’oral

 

Logiciels et outils mobilisés :

Logiciel d’écriture collaborative, framapad.

Caméras de l’option audio-visuelle. Logiciel de montage Adobe première Eléments (pour le professeur)

 

Mise en scène : changement de la géographie de la salle de cours.

 

La Marquise de Merteuil fait partie du panthéon des grandes figures féminines de la Littérature classique. Cependant, elle dérange et inquiète les adolescents confrontés à l’œuvre difficile de Laclos. Afin d’amener les élèves à questionner ce personnage, le procès est apparu une voie royale pour entrer dans l’œuvre et surmonter l’écriture complexe de Laclos.

 

Séance 1 : Découverte de l’œuvre et plongée dans la lecture. Travail dans les dix premières lettres sur les différentes figures féminines. Travail d’enquête par équipe de 2 (cf https://acces.ens-lyon.fr/acces/classe/numerique/presentation/classe-inversee-lettres-modernes-lycee-general/placer-leleve-en-position-denqueteur/)

 

Séance 2 : Les élèves ont lu entre temps la partie 1. Bilan sur la lecture et réflexion autour de la figure de Madame de Merteuil.

 

Séance 3 : Résumé, découverte des parties 2 et 3 du roman à partir du film de Frears.

 

Séance 4 : Lecture collective de la lettre 81 et début d’analyse.

 

Séance 5 : Travail en salle informatique sur framapad. Chaque élève est sur un ordinateur et le travail est collectif (entre 4 et 8 personnes par groupes.)

 Pendant cette séance, les élèves doivent dans leurs équipes, lister des idées pour défendre la Marquise de Merteuil ou l’accuser au contraire. Etre avocat de la défense ou de la partie civile n’est pas le choix de l’élève : c’est imposé par le professeur. Les élèves doivent s’appuyer sur la lettre 81 uniquement.

 

Séance 6 : A partir des listes faites en séance 5, le professeur met en avant plusieurs idées clefs. Les élèves, cette fois en binôme et en classe normale, doivent faire le plan détaillé d’un paragraphe argumenté autour de l’idée clef qui leur est attribuée. Les élèves peuvent alors élargir les exemples à l’ensemble de l’œuvre.

 

Séance 7 : Les élèves ont lu la quatrième partie pour cette séance. Bilan de la lecture. Prolongement du travail du plan détaillé en fin de séance.

Séance 8 : Travail en salle informatique sur framapad. On garde les binômes des deux séances précédentes. Les élèves rédigent leur réquisitoire ou leur plaidoyer. Il s’agit de travailler ici la rhétorique. En fin de séance, chaque binôme a désigné l’avocat porte-parole.

 

Séance 9 : Le procès. En amont, le professeur a aménagé la salle de classe comme pour un procès.

 

 Marquise de Merteuil (1)

 

Marquise de Merteuil (2)Marquise de Merteuil (4)Marquise de Merteuil (3)

 

 

 

Vous pouvez visionner  ce procès, grande expérience enrichissante pour les élèves et le professeur qui s’est contenté d’être spectateur pendant une heure entière :

http://www.lyceecharliechaplin.com/index.php/la-vie-au-lycee/les-travaux-des-eleves/375-la-marquise-de-merteuil-est-jugee