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Mon Musée 2.0

Par Philippe Jeanjacquot Dernière modification 16/02/2024 15:23
Article réalisé par Françoise Vaillant et Valérie Roméas professeures associées à l'équipe CANOé, ENS de Lyon, lycée Charlie Chaplin à Décines.

 

Vidéo de présentation

 

Un projet ambitieux de création, collaboration et partage

 

Public concerné et contexte 

25 élèves de 2nde du Lycée Charlie Chaplin de Décines 

Ce projet a été réalisé dans le cadre de l’enseignement d’exploration Littérature et Société dont l’objectif est, par une approche transdisciplinaire de différents sujets, d’ouvrir les élèves au monde extérieur, de leur faire découvrir des savoirs, mais aussi des savoir-faire et des savoir-être, afin de les aider à définir leur projet d’orientation. 

Il a été encadré par 2 enseignantes : Mme Roméas, professeur documentaliste et Mme Vaillant, professeur d’histoire-géographie. 

 

Objectifs : 

  •  découvrir le contenu scientifique de la salle d’exposition permanente « Sociétés, Théâtre des Hommes » du Musée des Confluences, 
  •  comprendre sa scénographie 
  • faire créer des productions numériques vulgarisant le contenu de la salle pour différents publics scolaires avec l’obtention d’une validation des travaux par le Musée des Confluences en vue d’une publication sur leur site. Un exemple de production

 

 

Lieux et temporalités 

Ce projet a été réalisé sur 27 séances de 2h (soit la totalité des heures de l’enseignement d’exploration Littérature et société pour une classe).

3 espaces différents ont été utilisés :

  • le CDI équipé d’une borne wi-fi,
  • une salle informatique
  • deux musées lyonnais : le Musée Africain de Lyon et le Musée des Confluences 

 

Le numérique, un outil de mise en activité et d’apprentissage. 

Nous avons commencé par une séance de présentation des objectifs et des modalités du projet aux élèves afin qu’ils mesurent les attentes et enjeux. Le fait que, leurs productions soient rendues publiques par le biais des réseaux sociaux et que le Musée des Confluences porte un regard sur ses travaux et les distingue ou pas, a créé l’effet escompté : une implication immédiate d’une majorité des élèves.  

Au cours de cette même séance, nous avons réalisé, avec l’outil Google Forms, un état des lieux des :

  • pratiques informationnelles et médiatiques des élèves et du matériel dont ils disposaient.

 

  • connaissances du monde muséal.

 

L’objectif était d’évaluer leurs acquis dans ces différents domaines, d’adapter le niveau des activités proposées et de choisir les outils adaptés.

Concernant les outils numériques à utiliser, nous nous étions fixés les règles suivantes. Les outils devaient être :

  • accessibles à tous et sur tous les supports,
  • gratuits
  • réutilisables/réinvestissables dans un autre cadre, scolaire ou non. 

 

Le constat fut que tous les élèves avaient avec eux un outil fonctionnant avec le wi-fi, à savoir des smartphones.

Nous avons donc choisi d’utiliser :

  • une borne wi-fi pour avoir un accès à internet au CDI.
  • une cdi-box pour avoir accès à tous les documents pendant le cours par accès wi-fi.

Enfin, nous avons informé les parents par un courrier présentant l’ensemble du projet. Parallèlement, une charte d’utilisation du compte twitter pour l’enseignement de Littérature et Société a été établie  entre les parents, les élèves et les enseignantes.

5 grandes activités ont été proposées aux élèves pendant ce projet.

 

L’élaboration d’un carnet de bord

A la séance suivante, nous avons lancé la tenue  d’un carnet de bord individuel sur Twitter. 

Les objectifs du carnet de bord étaient de :

  • communiquer et partager le travail produit,
  • garder une trace du travail,
  • permettre à chacun de mesurer le travail parcouru en produisant une ressource numérique
  • permettre aux élèves d’exprimer leur ressenti et aux enseignantes de le connaître afin d’adapter les activités.

Pour s’inscrire, les élèves ont reçu un tutoriel. L’inscription s’est faite à la maison à notre demande, mais aussi en classe à la séance suivante pour ceux qui n’étaient pas parvenus à s’inscrire.

Les modalités de l’activité étaient les suivantes : chaque élève devait tweeter à chaque séance selon un protocole  évalué de façon régulière. Il est important de créer un # du projet

Une fois la capacité maitrisée, l’activité a été complexifiée en intégrant une dimension argumentative sous la forme d’un hashtag supplémentaire. La salle étudiée au Musée des Confluences est construite sur une idée et 3 mots clés : ce que font les hommes en société, quelle que soit les époques ou les lieux, est « organiser », « échanger, « créer ».  A partir de la 12ème séance, les élèves ont donc dû rédiger leur synthèse de l’activité du jour, leur ressenti en utilisant obligatoirement un des mots clés. 

Sur le compte twitter du CDI (@CDISEPChaplin), une liste a été créée « Mon musée 2.0 », dans laquelle tous les tweets apparaissent. D’une séance sur l’autre,  tous les tweets ont été scénarisés avec l’application Storify. 

 

La découverte du monde muséal

Le questionnaire sur le musée réalisé lors de la séance 1 avait mis en évidence que pour la majorité des élèves :

  • Le musée était un lieu qui diffusait du savoir sans interaction.
  • Les métiers du musée se résumaient pour 37% des élèves à celui de guide, 31% à celui d’artistes. L’absence de connaissances du monde professionnel spécifique au monde muséal était donc évidente.
  • Quelques élèves avaient fait l’expérience d’utiliser des tablettes lors de visite de site. Pour les autres, il n’y avait pas de lien entre le monde des musées et le numérique.

 

 Pour commencer à dépoussiérer cette représentation et l’enrichir, nous avons travaillé sur :

  • La place grandissante du numérique dans l’économie culturelle en analysant un article du journal économique La Tribune intitulé  « le numérique réinvente la consommation culturelle » en date du 19 août 2014.
  • L’histoire des musées a également été étudiée en demandant aux élèves de créer une frise chronologique dynamique avec l’outil Timeline JS. Pour générer la frise, il est nécessaire de recourir au tableur de Google Drive : Google.sheet. Les outils se sont révélés complexes d’utilisation car ils nécessitent une grande rigueur dans la saisie des données. (lien)
  • Enfin, les métiers du musée ont été listés par les enseignants. En binôme, les élèves ont effectué des recherches documentaires sur le métier de leur choix et rédigé une fiche informative publiée sur un un padlet. Ils ont présenté à l’oral leurs travaux.  (lien) 

 

La scénographie d’une exposition

Au cours des 3 séances suivantes, les élèves ont ensuite travaillé plus spécifiquement la scénographie.

Nous avons pour cela proposé de confronter la scénographie très récente du Musée des Confluences à celle du Musée Africain de Lyon. Le Musée Africain a été créé à la fin du 19ème siècle. Sa scénographie date des années 1970. 

  • Au Musée Africain, les élèves ont effectué une visite guidée par un questionnaire centré sur la scénographie qui avait été élaborée lors d’un précédent projet avec l’aide d’une autre professeur documentaliste Mme Magali Longet. (lien
  • Puis ils ont effectué une visite libre de la salle Société Théâtre des hommes du Musée des Confluences avec comme objectif une analyse des hypothèses scénographiques. 

  • Dans un 3ème temps, ces hypothèses scénographiques ont été soumises à Cécilia Duclos, chargée d’exposition au MDC. Mme Duclos avait en charge de valider ou non les explications proposées par les élèves et de leur expliquer les objectifs des scénographes dans cette salle. 

Au cours de ces visites, les élèves utilisaient leur smartphone pour twitter en live, pour prendre des photos et prendre des notes.

 

 La construction d’un parcours guidé.

Le travail préparatoire étant fini, nous sommes entrées dans le vif du sujet … la production des parcours expliquant la scénographie de la salle Société théâtre des Hommes à destination d’un public scolaire !...

L’étape 1 fut de faire réfléchir les élèves aux données nécessaires pour notre projet. Rapidement, il ressortit que les éléments suivants s’imposaient : 

-       L’âge

-       Le profil d’apprentissage

-       Les supports et applications possibles

Les élèves ont considéré qu’il était nécessaire de créer des parcours différents en niveau de difficulté et en durée  en fonction de l’âge : ils ont choisi de créer 3 tranches différentes :

-       6e-5e,

-       4e-3e-2nde,

-       1ère –Tle.

Quelques élèves avaient déjà conscience que le profil d’apprentissage variait d’un individu à l’autre.

Lors d’une 2ème étape, nous leur avons proposé une activité sur les intelligences multiples. Chaque élève a dû compléter un questionnaire sur les intelligences multiples.

L’intérêt était de leur faire découvrir leur propre profil, de leur faire percevoir la diversité des intelligences au sein d’un groupe et d’en prendre compte pour la mise en place d’un parcours.

La finalité était de créer des groupes de travail en fonction du profil d’intelligence de l’élève pour des élèves ayant le même profil.

Trois profils d’intelligence ont été retenus en fonction des résultats : visuel, auditif et kinesthésique

 

Finalement, nous avons croisé les données âge et profil d’intelligence et opté pour la production de 9 parcours 

Supports et applications devaient être numériques pour les élèves.

La majorité d’entre eux ont un smartphone dès la 4ème et le wifi proposé par le musée supprimait le problème de la connexion à internet. Pour les 6ème-5ème, il a été établi que les enseignants intéressés par ces parcours devraient venir avec des tablettes.

Nous avons proposé en étape 3 aux élèves d’utiliser l’application Izi Travel pour créer les parcours. 

Cette application néerlandaise gratuite, fonctionne sur tous les supports et autorise la production de visites aussi bien par des professionnels que par des amateurs.

Nous avons présenté le fonctionnement de cette application aux élèves à partir de visites existantes. L’objectif était de leur montrer la nécessité de créer des arrêts fixes.

 

Chaque groupe s’est alors mis à travailler pour créer les arrêts du parcours en fonction de l’âge et du profil. La production était soumise à la classe (évaluation par les pairs) qui validait ou pas la proposition. 

L’écriture des visites a constitué l’étape 4.
Un compte Google a été créé pour la classe. Dans le drive, nous avons créé un dossier dédié à chaque groupe et un dossier commun avec toutes les ressources mises à disposition des élèves par le Musée des Confluences et nous-mêmes. 

 

Les élèves ont préparé les données externes à intégrer sur Izi Travel : il s’agissait de compléter un tableau sur Google.doc (étape, localisation, image, texte, son, vidéo, quiz). Ce travail était de nature coopérative et réalisé en autonomie.
L’intérêt de l’outil était de pouvoir travailler les textes et les quizz à plusieurs en présentiel ou distanciel, et de suivre, commenter, guider leur travail grâce à la fonction « commentaires »

Pour les productions audio, les smartphones des élèves ont été utilisés avec l’application Voice Recorder. 

Pour les images, les élèves devaient rechercher sur internet des images libre de droit, ou utiliser les leurs (réalisées avec leur smartphone), ou celles du dossier fourni par le MDC (avec leur autorisation).
Ce travail a nécessité plusieurs séances car l’excellence était visée. (8-12h suivant les groupes).
 

L’étape 5 fut d’intégrer les données sur l’application Izi Travel.
Pour cela, nous avons créé un compte classe sur la version ordinateur de Izi Travel.
En back-office 9 visites ont été créées correspondant aux 9 groupes pour que les élèves puissent basculer leurs données.

Puis pour chaque visite, les élèves ont

  1. créé des « attractions touristiques » correspondant chacune à une étape du parcours.
  2. intégré les données correspondant à chaque étape. 

Des tests et remédiations ont été enfin réalisés (étape 6)

  1. Test au CDI de l’application sur smartphone et tablette
  2. Test in situ (au Musée des Confluences). Nous avons fonctionné en évaluation par les pairs : chaque groupe a alors testé un autre groupe.
  3. Des remédiations ont été apportées suite aux remarques des camarades.

 

La réalisation d’un “musée virtuel”

Il s’agissait ici d’un travail individuel : chaque élève devait choisir un objet et le contextualiser dans le temps, l’espace et surtout la scénographie du musée.

L’objectif pédagogique de cette dernière activité était l’enracinement des apprentissages en demandant à chacun de :

  • réutiliser  Izi Travel
  • réutiliser les savoirs acquis

Parallèlement, par des recherches complémentaires spécifiques à chaque objet choisi, l’élève augmentait ses connaissances historiques. 

 

Le changement de posture opéré par le numérique chez l’élève et chez l’enseignant.

Quel a été au final l’intérêt de recourir aux outils numériques dans notre projet ?

Les outils numériques nous ont permis d’amener les élèves à créer, à collaborer, à communiquer et partager entre eux et avec nous (enseignant), soit un changement complet de posture. 

Site du Musée des Confluences

 

Conclusion

Un projet ambitieux et réussi grâce à :

  • Sa dimension créative et de partage, répondant à une forte demande du public scolaire.
  • L’implication de notre partenaire : le Musée des Confluences et notamment Mme Sylvie Boucherat qui a cru dans ce projet et que nous remercions chaleureusement.
  • Son inscription dans un temps long et entièrement dédié qui a permis aux élèves de maitriser les savoirs, savoir-faire et savoir-être attendus.