Les sucres cachés ... qui s'affichent
- Les AJR ( Apports Journaliers Recommandés)
ou les RNJ ( Repères Nutritionnels Journaliers apparaissent sur les étiquettes des emballages. Ils doivent apparaître obligatoires quand le produit alimentaire utilise des allégations nutritionnelles sur l’emballage.
Ils sont calculés pour un adulte (sans distinction de sexe ni d'âge ) dont la dépense énergétique journalière est de 2 000 kcal.
Quels sont les apports journaliers recommandés en sucre d’après les emballages ? Exemple : on peut lire ci-contre que 10 g de sucres correspond à 11% de l’AJR.
► L’AJR est alors de 90 grammes de sucres par jour soit 15 morceaux de sucre par jour.
Un morceau de sucre pèse environ 6 g.
Rq : selon les emballages les valeurs des AJR obtenues varient un peu.
- Les ANC ( Apports Nutritionnels Conseillés )
L'expression « Apports Nutritionnels Conseillés » remonte à 1981, date de la première édition du guide du même nom, qui présente le résultat du travail effectué par des spécialistes de la nutrition réunis pour l'occasion par l'Afssa. (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) Les ANC sont de l’ordre de la santé publique et correspondent à une moyenne majorée pour couvrir les besoins de la quasi-totalité de la population (97.5%). Il est à noter que ces diverses valeurs ne sont qu'une indication générale qui ne s'applique pas lors d'un traitement médical personnalisé et encadré. Les études sur les ANC ne peuvent se contenter des valeurs obtenues par le passé, il faut régulièrement remettre à jour, en fonction de l'évolution de la société et des connaissances scientifiques, les données sur le sujet. Ainsi en 1992 et 2003 deux révisions du rapport « Apports nutritionnels conseillés pour la population française » ont été effectuées.
Les ANC ( Apports Nutritionnels Conseillés )suggèrent un apport journalier de sucres de 5 à 10 % de la DE.
- Les ANC et les AJR coïncident ils ?
Considérons le cas des adolescent(e)s : Comment calculer la DE ( dépense énergétique) journalière d’un ado et d’ une ado ? :
elle dépend du métabolisme de repos ( DER) et du niveau d’activité physique ( NAP) selon la formule DE= DER x NAP .
Or le métabolisme de repos lui-même dépend de l’âge et du sexe. Quelques données nécessaires :
| DER ( kcal/jour) : dépenses énergétique au repos | |
| pour un garçon adolescent : 17,5 X poids (kg) + 651 | pour une fille adolescente : 12,2 X poids (kg) + 746 |
| NAP modéré : niveau activité physqiue | |
| pour un garçon : 1,78 | pour une fille : 1,64 |
| homme à NAP modéré | Adolescent à NAP modéré | adolescente à NAP modéré | |
| DE ( kcal/jour) | 2 000 | 3 000 | 2 300 |
| DE (kJ/jour) | 8 360 | 12 540 | 9 610 |
| 10% de la DE | 200 kcal 836 kJ | 300 kcal 1 254 kJ | 230 kcal 961 kJ |
| équivalent en g de sucre/jour | 50 | 73 | 56 |
| équivalent en morceaux de sucre /jour | 8 | 12 | 9 |
| ANC en g de sucre/jour(5 à 10 % de la DE) | 25 à 50 | 36 à 73 | 28 à 56 |
| ANC en morceaux de sucre/jour | 4 à 8 | 6 à 12 | 4 à 9 |
Rappel : 1 g de glucide apporte 17 kJ
rappel : L’AJR est de 90 grammes de sucres par jour soit 15 morceaux de sucre par jour.
Les ANC sont de 25 à 50 grammes de sucres par jour pour un homme ,
36 à 73 grammes de sucres pour un adolescent et 28 à 56 grammes de sucre par jour pour une adolescente.
Donc les valeurs des AJR des emballages sont supérieures aux valeurs des ANC !!!!
- Une activité possible : Quels sont les apports en sucres des petits encas fréquents chez les ado ? :
Il faut demander aux élèves de recenser ce qu'ils mangent lors de leurs encas et leur demander de garder les emballages.
Un exemple ci-dessous :
| Nature de l’aliment | Apport en sucre(g) | Moyenne de l’apport en sucre(g) | % de l’AJR | % moyen de l’AJR |
| • ¼ plaquette de chocolat • 45 g de MM’S |
15 24 |
19,5 |
16 |
21,5 |
| • 2 barres Kinder Country • 4 biscuits Oreo • 1 portion Kitkat (31g) |
23 20 15,5 |
20 | 22 27 17 |
22 |
| Une canette de 330mL • Oasis fruit tropical • Oasis pomme cassis • Free Way Cola • Fanta |
30 |
34 |
35 |
35 |
| Bonbon • 4 Carambar |
16 | 16 | 17 | 17 |
| 1 compote pomme sachet | 3,6 | 3,6 | 13 | 14 |
| Jus de fruit • 2 verres de jus orange (400mL) |
40 | 40 | 40 | 40 |
| = 133 | ||||
| = 22 morceaux de sucre | ||||
| TOTAL : | 150 !!!!! | |||
Conclusion :
►Les apports en sucres des « encas » sont loin d’être négligeables : ils peuvent être énormes. Il n’est pas question de supprimer ces encas systématiquement mais il faut les prendre en considération et ces encas systématiques peuvent occasionner des problèmes de santé. On sait effectivement qu'un excès de sucres ajoutés est corrélé aux problèmes d’obésité MAIS on n’est pas capable de fixer une valeur précise au- dessus de laquelle ce serait systématique et dommageable. Il y a parfaite coïncidence entre l’augmentation du surpoids et une consommation accrue de sucres ajoutés, selon une étude présentée le 24 mars 2011 aux sessions scientifiques de l’”American Heart Association's Nutrition, Physical Activity and Metabolism/Cardiovascular Disease Epidemiology and Prevention 2011”. Les chercheurs ont examiné la consommation de sucres ajoutés et l’évolution du poids corporel sur plus de 27 années et constatent qu’une consommation de sucres ajoutés coïncide avec une augmentation de l’IMC chez les hommes et les femmes et que les femmes consomment moins de sucres ajoutés que les hommes, tandis que les jeunes adultes consomment plus de sucres ajoutés que les adultes. Bien que d’autres facteurs doivent être pris en considération, dans la lutte contre l’obésité, cette étude insiste sur le lien de cause à effet entre sucres ajoutés et hausse de l'IMC, rappelant que des efforts de santé publique ne doivent pas oublier de rappeler la mesure de prévention essentielle, limiter l'apport en sucre ajouté. Recommandation de l'American Heart Association : la plupart des femmes ne devraient pas consommer plus de 100 calories de sucres ajoutés par jour, la plupart des hommes, pas plus de 150 calories.
►Apport conseillé –apport indispensable-apport limite ? : La notion même d’apport en sucres « simples » est à décrypter et mérite une réflexion : il ne faut pas assimiler l’ apport conseillé et l’apport indispensable ! Il serait préférable de considérer cet apport comme une limite. [La digestion des glucides complexes donne du glucose qui est nécessaire par exemple au cerveau gluco-dépendant.] En effet pour l'OMS et pour certains pays, ce sont ces sucres ajoutés qu'il faut limiter. La plupart des experts s'accordent à dire que cette valeur de 10 % est une pure décision de gestion, sans base scientifique solide, qui vise simplement à essayer de limiter cet apport de calories vides. Et le PNNS (Plan National de Nutrition et de Santé) ne dit pas autre chose, mais a entériné le fait qu'il n'était pas possible de donner un chiffre précis, disant simplement qu'il faut diminuer la part des sucres simples notamment ajoutés.
►Du sucre ici et là : La valeur de 90 g comme AJR des sucres peut effectivement être très critiquée, mais elle permet sans problème une forte consommation de fruits……. mais aussi d'aliments sans intérêt!
►Une approche réductionniste : L’environnement alimentaire est à considérer, d'où la notion de qualité du vecteur ou de calories vides: dans certains cas, les sucres sont accompagnés de nombreux nutriments intéressants, alors que dans d’autres ils sont ajoutés à l'état pur. On sait aussi que les sucres apportés par les liquides sont plus mal comptabilisés que lorsqu'ils sont apportés par les solides et sont moins inducteurs de satiété .On peut noter plusieurs types de limites dans cette approche : les limites de l'approche de l'alimentation par les seuls nutriments et les limites encore plus grandes de l'approche segmentée de façon indépendante nutriment par nutriment.