Enjeux thématiques et convergences disciplinaires

 

• Une éducation scientifique et citoyenne pour une aide à la prise de décision
  

Il s'agit dans ce programme d'aider les élèves à se construire une représentation globale et cohérente de la compléxité du monde dans lequel ils vivent, à partir de l'étude d'un thème fondamental entre science et société. Nous traitons des enjeux énergétiques de demain en relation avec la question environnementale du changement climatique, et celle des choix de développement socio-économique soutenable pour les générations à venir.
Sur la base d'une information scientifique éclairée, on peut développer avec les élèves, futurs citoyens, des connaissances et des raisonnements susceptibles de les aider à prendre des décisions (participer à des choix citoyens sur des problèmes où la science est impliquée, L'enseignement des sciences au lycée, BOEN n°6, hors série, volume 2, 12 août 1999, page 4).

• Une approche interdisciplinaire des sciences pour une éducation à la complexité et aux choix
  

Les sciences expérimentales et les sciences humaines et sociales sont plus qu'une juxtaposition de disciplines. Elles donnent accès à une représentation globale d'un monde complexe, tout en mettant en oeuvre des modes de pensée, qui ont évolué et qui évoluent encore au cours du temps, en fonction des sociétés et de leurs cultures. Dans le cadre de cet objectif et de la thématique socio-scientifique choisie, des enseignants de plusieurs disciplines peuvent etre sollicités devant les élèves pour l'éclairage des enjeux associés au traitement d'une même question. Pour une discipline donnée, les ouvertures disciplinaires sont recherchées par concertation au sein de l'équipe pluridisciplinaire d'enseignants des sciences expérimentales, sociales et humaines.

Le croisement des apports disciplinaires doit permettre d'aboutir à une compréhension rationelle des préconisations environnementales actuelles (par exemple celles de la Charte de l'Environnement) et des argumentaires de débat public en cours. Les professeurs présentent ainsi les éléments scientifiques constitutifs du sujet et en indiquent les limites et les incertitudes. Ils contribuent ainsi à la formation de futurs citoyens capables d'opérer des choix responsables sur des questions d'environnement et de développement, impliquant plusieurs échelles de temps et d'espace.

Pour les questions d'environnement, les analyses doivent être faites en identifiant les systèmes en interaction et la nature de leurs interconnexions (approche systémique). Il s'agit de faire comprendre que l'analyse d'une réalité complexe demande de croiser les regards de différentes disciplines mais également des différents partenaires sociaux impliqués dans la gestion de l'environnement et du développement.



Depuis son origine, l'espèce humaine manisfeste une aptitude inégale à modifier son environnement et y laisse ainsi une empreinte écologique variable aussi bien dans le temps que dans l'espace. Cette empreinte dépend des individus et de leurs pratiques socio-culturelles. La surexploitation des ressources naturelles liée à la croissance démographique et économique a conduit nos sociétés, depuis les années 1970, à prendre conscience de l'urgence d'une solidarité planétaire pour faire face aux bouleversements des équilibres naturels. Cette solidarité nécessite un développement qui repond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs (notion de développement durable définie dans le rapport Bruntland, ONU, 1987).

Dans le contexte de la limitation des émissions de gaz à effet de serre qui sont responsables de l'intensification du réchauffement climatique, les sciences du climat, qui s'intéressent à l'évolution de la machine climatique et à la complexité des interactions entre biosphère, atmosphère, géosphère, hydrosphère et rayonnement solaire, permettent de proposer des perspectives probabilistes sur le devenir de la planète, à l'échelle de la dizaine et de la centaine d'années, sur la base de scénari d'évolution socio-économique mais également à partir de l'étude des variations climatiques passées.
L'approche utilisée est celle de la modélisation intégrée. Il faut en comprendre les mécanismes de fond, les approximations et les limites, particulièrement dans la perspective d'une éducation aux choix. Notons que la météorologie, qui travaille sur la prévision à l'échelle de quelques jours, couplés à la climatologie, permet d'apporter des élèments de réponses sur l'évolution de la fréquence et de l'intensité des évènements climatiques extrêmes (tempêtes, inondations, canicules,...).

Les relations de l'Homme avec son environnement ne se limitent pas à la préservation, mais également à la gestion de la planète et de ses ressources, tant en termes de matière que d'énergie et d'espèces vivantes. Ainsi, pour limiter les émissions anthropiques de gaz à effet de serre, se pose la question des ressources énergétiques pour demain, de la place des énergies fossiles, de l'énergie nucléaire et des énergies renouvelables.
Il existe en effet différentes sources d'énergie utilisables par l'Homme (le pétrole, le gaz, le charbon, l'uranium, le soleil, la biomasse, le vent,...). A l'échelle d'une génération humaine, certaines sources se renouvellent (énergie solaire, énergie éolienne, énergie hydroélectrique, issue de la biomasse,...). Ce n'est pas le cas des énergies fossiles ou encore de l'énergie nucléaire.

Les enjeux énergétiques pour demain sont donc des enjeux de société qui nécessitent une formation des citoyens les aidant à participer à une réflexion légitime. Une approche planétaire s'impose. Elle doit intégrer la question de la gestion de l'environnement et du développement socio-économique, pour essayer d'appréhender le devenir de la Planète. Il convient donc de donner accès aux connaissances, aux méthodes d'analyse et à leurs limites, afin de permettre une argumentation éclairée en vue d'une démarche citoyenne permettant de formuler des choix.

• Sciences philosophiques

L’enseignement de la philosophie dans toutes les sections de classe terminale s’intéresse au rapport de l’homme à la nature de façon générale. Tous les programmes comprennent la technique et le professeur de philosophie pose nécessairement le problème de la valeur de la technique. En ce sens, cet enseignement constitue une introduction à la question du développement durable. Dans son cours comme à la faveur d’exercices, le professeur de philosophie peut-être amené à développer le modèle du développement durable. Enseignement de réflexion critique et rationnelle, le cours de philosophie rencontre nécessairement les connaissances positives des différentes sciences. Il crée donc, naturellement, des liens entre les disciplines particulières, aide les élèves à saisir l’unité de la connaissance dans la diversité des enseignements. Portant aussi sur les questions morales et politiques, l’enseignement de philosophie peut contribuer à la réflexion sur les rapports entre les détenteurs du pouvoir politique et les scientifiques, par exemple, à propos de la question du réchauffement climatique.

• Sciences économiques et sociales

Les programmes de sciences économiques et sociales posent depuis plus de 30 ans la question du lien entre croissance et développement ; certes on n’utilisait pas le terme de développement durable mais déjà on s’interrogeait sur la réalité d’un lien vertueux entre les deux ; des auteurs contestaient la connotation positive du terme de développement ;
Ainsi les tiers-mondistes insistaient ils sur le caractère déstructurant de la croissance économique tant au niveau économique que social, politique et culturel dans les pays du tiers-monde. D’autres s’interrogeaient sur la pertinence de la recherche d’un développement à l’occidentale ; la préoccupation essentielle tournait alors sur la dimension humaine du développement.
Mais en 1972 les économistes du « Club de Rome » prônent carrément une « zero growth » car pour eux la croissance économique des pays développés à économie de marché (PDEM) se fait au dépend des contraintes environnementales, à savoir préservation des ressources rares et respect de la planète. On n’était alors pas loin du concept de développement durable proposé par la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) et la Banque Mondiale et inspiré de la volonté de concilier amélioration du bien être des générations présentes mais aussi futures, respect de l’homme et de la nature. Les sciences économiuqes et sociales sont donc à la toute première place quand il s’agit de faire réfléchir les élèves de Terminale sur les contraintes humaines et environnementales du développement. Nous amenons nos élèves à réfléchir sur les questions suivantes :
Antinomie entre croissance et développement durable ?
La croissance, un mal nécessaire ?
Un DD est il possible sans croissance ?
La croissance, un enjeu du développement durable ?
...

• Histoire et géographie

Ces sciences apportent une réflexion sur l'organisation et l'évolution de l'environnement considéré comme un espace aménagé par les sociétés humaines, avec une pression plus ou moins forte.
Les relations entre les sociétés, les différents types de paysages et le climat sont abordées. On identifie également les grandes ressources et les aménagements énergétiques de quelques pays. L'objectif est de les mettre en relation avec la consommation mondiale d'énergie pour comprendre ainsi quelques enjeux géopolitiques liés à la demande énergétique.
L'étude des révolutions industrielles ouvre une perspective critique sur l'évolution des sciences et des techniques et son impact sur l'environnement.
On lance une réflexion sur la responsabilité des individus et des sociétés vis-à-vis du cadre de vie et plus largement sur l'environnement. Les élèves peuvent ainsi être placés en position d'acteurs pour une gestion harmonieuse de leur cadre de vie. Il s'agit encore une fois de contribuer à une vision éclairée de l'environnement, dans la perspective d'un développement durable.
 

• Sciences de la vie et de la Terre

Elles s'intéressent à l'influence du climat sur les modifications du milieu et des peuplements d'êtres vivants. Les évolutions récentes du climat, en relation avec l'intensification par l"homme de l'effet de serre naturel, permettent de comprendre et d'anticiper des phénomènes à l'origine d'une évolution de la biodiversité.
 

Les grandeurs qui permettent de décrire l'environnement, leurs unités et leurs mesures sont présentées. Pour la climatologie, on pourra aborder les questions de changements d'état, le cycle de l'eau, la constitution de nuages, les précipitations, les mesures de pression et de températures,... La dynamique des vents permet de comprendre la dispersion de certains polluants sur toute la planète. Des conditions météorologiques particulières empêchent parfois la dispersion de polluants comme l'ozone.
L'idée de conservation de la matière permet de comprendre qu'une substance rejetée peut être diluée, transformée ou conservée, avec des temps de résidence variables. Les activités chimiques peuvent être source d'émissions de polluants pour l'environnement mais également contribuer au recyclage de matériaux et ainsi, dans certains cas, restaurer l'environnement.
Les évolutions techniques sont présentées en relation avec la recherche scientifique et dans la problématique de l'optimisation de l'exploitation des réserves conduisant à l'émergence de nouvelles techniques (par exemple le lien entre éco-transport et énergies, ou encore éco-habitat et énergies).
Ces sciences physiques et chimiques définissent les relations entre énergie et puissance. Elles permettent de classer les différentes formes d'énergie et d'approcher la notion de conversion énergétique. Elles présentent également les modes de transfert d'énergie et les vecteurs énergétiques.
Elles indiquent les différentes voies de production de l'énergie électrique, fondamentale dans la vie quotidienne et dans le monde industriel, pour les pays développés. Elles clarifient enfin les notions de consommation, de rentabilité et de puissance énergétique en permettant une comparaison objective.