Les objectifs de l'éducation à l'environnement et au développement, selon Michel Haignerelle
D'après l'intervention de Michel Haignerelle, IGEN histoire-géographie. Séminaire IGEN-INRP du Lundi 12 juin 2006, ENS - 75005 Paris, 18h - 20h. Voir le site des séminaires 2006 Retranscription, compléments et adaptation : Benoît Urgelli, coordinateur de l'équipe EEDD Climat de l'INRP. |
Les approches environnementales dans l'éducation sont liées à la conférence à de Stockholm 1972. Il en découle la première circulaire de l'éducation nationale en 1977 qui définit les démarches, les objectifs et les enjeux de l'éducation relative à l'environnement. Après 30 ans d'éducation relative à l'environnement et jusqu’en 2003, cette éducation n'est toujours pas inscrite dans les objectifs du Ministère de l'Education nationale. Des projets d'éducation à l'environnement existent parfois dans les établissements mais ils sont dispersés et non construits. Il n'existe pas de cohérence disciplinaire et interdisciplinaire autour de ces projets. Il n'y a pas de progressivité et on constate même entre les disciplines des divergences. Les partenariats sont peu développés et il n'existe pas de politique nationale sur ce point.
Le rapport des inspections générales d'avril 2003 montre que seulement 5 à 10 % des élèves ont reçu une formation et une éducation à l'environnement.
La politique nationale d'éducation à l'environnement et au développement durable apparaît en 2003 dans un contexte social particulier :
- Les conférences internationales de l'ONU (1992, 1997, 2002) engage la France dans l'éducation à l'environnement.
- La France adopte en juin 2003 la Stratégie nationale du développement durable et des responsables sont nommés dans chaque ministère pour suivre la mise en place de cette stratégie.
- En mars 2005, la Charte de l'environnement est adossée à la Constitution française et donne sa légitimité à l'éducation à l'environnement (article 8).
- La pression médiatique devient de plus en plus forte, intégrant la notion de développement durable à la consommation.
- Dans l'éducation nationale, un colloque se tient en décembre 2003 et aboutit à la publication de la circulaire de juillet 2004 qui généralise l'éducation à l'environnement pour un développement durable, une éducation qui se veut construite progressivement au cours du parcours de l'élève.
Quoiqu'il en soit, les approches du développement durable sont globales et nécessitent un traitement systémique, tourné vers l'avenir et la prospective.
Notons que la tendance actuelle est de ne plus parler d'éducation à l'environnement pour un développement durable mais de parler d'éducation au développement durable, cette notion associant nécessairement l'environnement (Voir Colloque « Avancées et propositions en matière d'éducation pour le développement durable », 14-16 juin 2006, à l'occasion du lancement de la Décennie de l'éducation au développement durable à l'Unesco, Paris).
On peut distinguer 10 objectifs pour l'éducation à l’environnement et au développement durable :
- former au regard critique vis-à-vis des sources d'information;
- Passer de l'affectif aux raisonnements;
- Contextualiser dans l'espace et dans le temps;
- Intégrer le complexe, le global et le systémique;
- Éduquer au doute et à la incertitude;
- Initier à la prévision et à la précaution;
- Éduquer aux choix et à la prise de décision;
- Appréhender la dimension politique des discours;
- Initier aux partenariats;
- Éduquer aux valeurs (solidarité, équité, responsabilité,...).
L'éducation à l'environnement et au développement durable comporte donc une dimension civique.
Quelques définitions :
Ecologie : le terme a pris une connotation militante à prédominance politique depuis 1980. Il quitte alors le domaine scientifique.
Environnement : tout est environnement et les définitions varient au cours du temps. Depuis 1980, les médias emploient le terme d'environnement en l’associant aux notions de protection et de conservation. Dans la circulaire de l’Education nationale de 1977, une définition de l'environnement est donnée, à cheval entre nature et société, et les piliers du développement durable sont posés (environnement, économie, société).
Développement durable : Lors de la conférence de Stockholm de 1972, le concept d'éco-développement était apparu mais il n'a pas été retenu car il impliquait pour certains pays l'abandon du libéralisme économique. Les USA ont alors proposé qu'on remplace le terme d'éco-développement par celui de « sustainable development ». En 1987, le rapport conduit par le premier ministre norvégien Bruntland, pour la Commission des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (UNCED) et pour la préparation de la conférence de Rio de 1992, souligne la nécessité d'une nouvelle ère de croissance économique, en équilibre avec la gestion des milieux naturels, face aux interrogations sociales sur le futur et la conservation de l'environnement pour les générations futures. C'est dans le rapport Bruntland qu'est posée la définition couramment admise : « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations à venir, de pouvoir répondre à leur propres besoins». En 1991, l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature ajoutera que l'objectif du développement durable est « d'améliorer la qualité de vie de l'homme tout en prenant en considération les écosystèmes » (IUCN, UNEP and WWF).