L’évolution des populations humaines
Jean-Claude Hervé
D - L’évolution des populations humaines
1. L'Homme une espèce en perpétuelle évolution
Dans le préambule du programme sur « un regard sur l’évolution de l’Homme », il est dit qu’Homo sapiens peut être regardé , sur le plan évolutif, comme toute autre espèce, qu’il a une histoire évolutive et est en perpétuelle évolution ». Cela semble suggérer qu’après avoir envisagé l’émergence d’Homo sapiens au sein du genre Homo, on pourrait aborder l’étude de quelques aspects de l’évolution au sein des populations humaines. Cependant, on ne trouve pas dans les connaissances exigibles de référence à cet aspect, de sorte que la phrase du préambule, outre le rappel d’une idée de base, semble être un lien avec le thème précédent qui indique que « sous l’effet du milieu, de la concurrence entre êtres vivants et du hasard, la diversité des populations change au cours des générations ». Rien n’interdit d’envisager des exemples relatifs à l’évolution des populations humaines pour dégager les idées essentielles de ce thème sur l’évolution de la diversité, notamment la notion de sélection naturelle, d’autant plus qu’ils peuvent s’avérer plus motivants.
2. Une diversification après la sortie d'Afrique
Si on considère l’origine africaine des Hommes modernes, la diversité des populations actuelles résulte d’évènements survenus après la sortie d’Afrique et donc durant l’expansion progressive de l’espèce dans toutes les régions du monde. Un de ces évènements peut être le métissage avec des populations d’autres Homo présents en Eurasie et au Moyen orient. Les autres évènement résultent des mutations survenues dans les différentes populations qui, en peuplant les différentes régions du monde, ont été soumises à des conditions environnementales différentes. Un exemple souvent envisagé de diversité humaine est la fréquence du phénotype drépanocytaire associée à la fréquence de l’allèle HBS du gène qui code pour la chaîne bêta de l’hémoglobine. Cette fréquence est relativement élevée dans les régions où sévit le paludisme (facteur d’environnement) car chez les hétérozygotes, la possession de l’allèle HBS confère une résistance accrue vis-à-vis du Plasmodium, agent du paludisme. C’est un exemple qui illustre la notion de sélection négative (les homozygotes HBS/HBS contribuent peu à la reproduction) et celle de sélection positive (avantage des hétérozygotes).
3. Des exemples documentés de diversification humaine
On dispose actuellement de données, tant sur le plan génétique (mutations en cause) qu’environnemental (facteurs de sélection), relatives aux mécanismes générateurs d’autres aspects de la diversité humaine : coloration (pigmentation) de la peau, aptitude à digérer le lactose à l’état adulte, capacité à digérer l’amidon par la salive). Pour ces trois exemples, on a des arguments qui permettent d’établir l’état ancestral du caractère chez les hommes modernes. Cela permet aussi de situer ces exemples dans l’évolution du caractère au cours de la lignée humaine. Par exemple, en ce qui concerne la pigmentation de la peau, les Australopithèques devaient posséder une peau assez claire mais avec un pelage sombre important ; la perte du pelage a probablement eu lieu chez les premiers représentants d’Homo erectus, associée à l’acquisition d’une peau fortement pigmentée.
L’exemple de la genèse de la diversité de la coloration de la peau est un excellent support pour bien faire comprendre ce qu’est la sélection naturelle. Ceux relatifs aux deux phénotypes alimentaires cités, présentent l’intérêt d’introduire la notion de sélection culturelle qui a joué un rôle important dans l’évolution des populations humaines.
Récemment, la comparaison des génomes entiers de sapiens, néanderthaliens et denisoviens a révélé la présence d'ADN d'origine néanderthalienne et denisovienne dans le génome des sapiens. On commence à découvrir l'impact de cet ADN issu d'autres Homo sur certaines caractéristiques de populations de sapiens. L'adaptation à l'altitude des Tibétains en est une illustration.