L’immunoediting des cancers
I - Immunité antitumorale
6 - L’immunoediting des cancers
Evolution au cours du temps des interactions entre le système immunitaire et les cellules d’une tumeur.
L’identification des mécanismes de destruction des cellules tumorales par le système immunitaire, la prise en compte des mécanismes d’échappement des cellules tumorales ainsi que des données expérimentales sur des modèles de souris présentant des déficits immunitaires variés, ont conduit les immunologistes de l’équipe de Robert Schreiber de revoir la théorie de l’immunosurveillance en l’intégrant dans un concept plus large, celui d’immunoedition du cancer (Cancer immunoediting). Cette théorie relative à l’évolution des interactions entre le système immunitaire et les cellules tumorales comprend trois phases (Elimination, Equilibre, Echappement) qui sont illustrées par la figure du document 7a.
- Document 7a : Les trois phases de la théorie de l’immunoediting
D’après : The immunobiology of cancer: immunosurveillance and immunoediting. Gavin P. Dunn. Immunity 2004
Les cellules « saines » sont en gris. Les cellules tumorales sont représentées initialement en brun puis ensuite avec des couleurs variées (violet, rose, orange). Plusieurs types de cellules immunitaires sont indiqués, les uns de l’immunité innée (comme les cellules qui sont à NK) les autres de l’immunité adaptative (LT CD4 et LTCD8). Ce sont les lymphocytes LT CD8 qui sont à l’origine des effecteurs antitumoraux les plus efficaces. Pb53 et RB désignent des gènes suppresseurs de tumeurs et Ras est un proto-oncogène.
- Document 7b : Interactions entre le système immunitaire et la tumeur au cours de la phase d’équilibre
Données expérimentales
Les immunologistes de l’équipe de Schreiber ont administré des doses faibles d’un carcinogène chimique, le MCA, à un lot de souris immunocompétentes. Ils ont suivi le développement de tumeurs pendant 200 à 230 jours. Seules quelques souris ont présenté des tumeurs. Après le 230ème jour, les autres souris ont subi un traitement immunosuppresseur axé sur une diminution importante des lymphocytes T. Les immunologistes ont constaté que par la suite des tumeurs se sont développées chez 50% de ces souris.
Un cas clinique
Des médecins immunologistes ont rapporté le cas de deux personnes décédées d’un mélanome, forme grave d’un cancer cutané, dû à la prolifération anarchique des mélanocytes, cellules pigmentaires de la peau. Les métastases du mélanome sont fréquemment mortelles. Ces deux personnes avaient reçu une transplantation d’un rein du même donneur, décédé à la suite d’une hémorragie. Les analyses génétiques du mélanome de ces personnes a révélé que les cellules cancéreuses avaient pour origine des cellules du donneur ayant fourni ses reins.
Les immunologistes ont consulté les registres médicaux des personnes ayant été soignés pour un mélanome. Ils ont ainsi appris que le donneur avait été traité chirurgicalement pour un mélanome 16 ans avant sa mort. La chirurgie pratiquée précocement avait été efficace et le donneur était considéré comme guéri.
Comme pour toute transplantation, les receveurs ont suivi un traitement immunosuppresseur après avoir reçu un rein du donneur.
L’immunogénicité des cellules d’une tumeur
Les immunologistes de l’équipe de Schreiber ont étudié l’immunogénicité des cellules des tumeurs apparues suite à l’action d’un carcinogène chimique (le MCA). Ils ont constaté que les cellules des tumeurs apparues chez des souris immunocompétentes (système immunitaire fonctionnel) étaient peu immunogènes contrairement à celles des tumeurs formées chez des souris immunodéficientes.
- Pistes de questionnement :
- Indiquer les évènements illustrés par la figure du document 7a qui interviennent durant la phase d’élimination.
- Expliquer en quoi les données expérimentales et cliniques du document 7b montrent que le système immunitaire exerce un contrôle des cellules tumorales durant la phase d’équilibre.
- La légende de la figure 7a indique : « Instability Immune sélection ». Indiquer en quoi la figure 7a traduit visuellement cette instabilité génétique (et phénotypique). A partir des données sur les mécanismes d’échappement des cellules tumorales (document 6) et sur celles relatives à l’immunogénicité des cellules cancéreuses des tumeurs, expliquer la notion de sélection immunitaire agissant sur les cellules tumorales intervenant durant la phase d’équilibre.
- Les immunologistes de l’équipe de Schreiber, en conclusion de leurs recherches disent que l’action du système immunitaire sur le cancer est double : protectrice de l’organisme contre la genèse de tumeurs mais aussi promotrice de la formation de tumeurs cliniquement décelables. Résumer les mécanismes des interactions entre le système immunitaire et les cellules tumorales intervenant dans ce double rôle.