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Les données épidémiologiques

Par rnicolet — Dernière modification 29/09/2017 15:42
Extrait de la synthèse du rapport 2007 de l'Inserm sur la maladie d'Alzheimer

La fréquence élevée de la maladie d’Alzheimer en fait un problème de santé publique majeur. On estime à 165 000 nouveaux cas de maladie d'Alzheimer par an.

En 2007, la population des plus de 60 ans s’élève à 13,1 millions de personnes, soit 21 % de la population française (source Insee).
À l’horizon 2050, si l’augmentation de l’espérance de vie se poursuit au même rythme qu’aujourd’hui, les plus de 60 ans représenteraient environ 35 % de la population française, avec 22,4 millions d’individus.
Une étude sans recherche active des cas de démence, et plus particulièrement de maladie d’Alzheimer, conduit à ne comptabiliser que les cas diagnostiqués et pris en charge par le système de soins, et plus certainement les formes sévères que modérées.

Il y a sous-estimation des chiffres concernant les sujets vivant en institution et principalement les sujets très âgés (>85 ans), ceci essentiellement
en raison des difficultés diagnostiques et de la plus grande tolérance sociétale aux pertes cognitives des plus âgés.
Une part de la variabilité des taux en fonction des études peut être expliquée par la proportion plus ou moins importante des démences modérées détectées. Les sujets non suivis le sont pour des raisons multiples, dont certaines sont directement liées au développement de la pathologie démentielle, comme par exemple l’entrée en institution.

La modélisation biostatistique permet de mieux prendre en compte une part de ces phénomènes.
Les études en population avant 65 ans sont rares. Avant 65 ans, la prévalence est estimée entre 0,05 et 0,1 %, soit environ 32 000 malades en France. À partir d’analyses de données européennes du groupe Eurodem, le taux de prévalence des démences chez les sujets de plus de 65 ans est estimé à 6,4 %. La prévalence augmente avec l’âge.


Comment donner des estimations sur le nombre de démences et de cas de maladie d’Alzheimer en France en 2007 quand on sait qu’il n’existe pas d’indicateur sanitaire fiable, ni de registre permettant un recensement exhaustif et pérenne des cas ?

Si ces données n’existent pas aujourd’hui, c’est aussi parce que le diagnostic de démence n’est bien souvent pas porté, même à des stades sévères de la maladie. Après 65 ans, la source principale de données sur la prévalence des démences en France provient de l’étude Paquid (Personnes âgées aquitaine ou QUID des personnes âgées), étude de cohorte menée en population générale depuis 1989 en Gironde et Dordogne. La prévalence a été estimée en 1989 puis réévaluée en 1999 sur les plus de 75 ans survivants de la cohorte initiale. Dans l’étude Paquid, la prévalence en 1989 chez les plus de 75 ans était égale à 8 %. Principalement en raison d’un diagnostic plus précis et d’une longévité plus importante, ce chiffre a été revu à la hausse après 10 ans de suivi, avec un taux de 18 %. Nous ne disposons pas de données plus récentes et aucune étude n’est actuellement menée permettant d’apporter des informations actualisées sur l’épidémiologie descriptive des démences.
Il n’est pas possible de dire si la fréquence de cette maladie a vraiment augmenté au cours des dernières années. En effet, l’évolution des classifications (DSM III puis III-R et IV, CIM-9 puis 10) sur les 20 dernières années et des méthodologies d’enquête, de même qu’une meilleure sensibilisation au diagnostic de démence rendent les comparaisons difficiles. Il est possible que l’augmentation apparente corresponde à une véritable évolution, liée soit à
une augmentation de la durée de la maladie, elle-même liée à une augmentation de l’espérance de vie ou à une meilleure prise en charge des patients, soit à une réelle augmentation de l’incidence.


En termes d’incidence, les analyses faites à partir de huit études européennes montrent un taux moyen qui augmente fortement de 2/1 000 personnes/année entre 65 et 69 ans à 70/1 000 personnes/année après 90 ans.

Chez les sujets très âgés, aucune étude spécifique n’a été menée en France et les résultats d’une méta-analyse récente portant sur des données européennes et américaines permettent d’indiquer que les chiffres de prévalence sont situés dans une fourchette assez large entre 15 et 40 %, avec pour l’incidence des chiffres allant de 60 à 100 pour 1 000 personnes/année.
L’extrapolation de ces données au recensement de 2004 indique qu’il y aurait en France plus de 850 000 cas de démence. La maladie d’Alzheimer représente globalement 70 % de ces cas et les autres démences sont vasculaires (10 %) ou mixtes (20 %), avec quasiment trois fois plus de femmes atteintes que d’hommes, tandis que les plus de 90 ans représenteraient 230 000 cas. Environ 300 000 démences sont des démences sévères. Au niveau mondial, une analyse internationale reposant sur une méthodologie de consensus entre experts (Delphi consensus) fournit une estimation du nombre de cas de démences correspondant à 24,3 millions, avec près de 4,6 millions de nouveaux cas chaque année. Le nombre de cas attendus devrait doubler tous les 20 ans, et pourrait concerner plus de 80 millions d’individus en 2040.

 prévalence MA

 

Sources :

maladie d'Alzheimer, enjeux scientifiques, médicaux et sociétaux (c) les éditions Inserm, 2007