Pluralité de la mémoire
Mémoire sensorielle : Les informations sensorielles qui nous parviennent sont tout d’abord maintenues pendant un temps très bref, de l’ordre de 200 à 500 ms et sous forme de traces au niveau d’une mémoire sensorielle qui peut être visuelle (mémoire iconique), auditive (mémoire échoïque), olfactive…
La mémoire à court terme permet la reproduction immédiate d’un nombre limité d’informations qui s’effacent au bout de une à deux minutes de notre mémoire. Il s’agit ici d’une restitution « sur le champ » d’un nombre restreint d’éléments, ce nombre définissant ce que l’on appelle « l’empan » visuel ou auditif égal chez le sujet normal à 7. S’il s’agit de lettres, on parle d’empan verbal, s’il s’agit de chiffre, on parle d’empan digital ou numérique. A cette mémoire, s’ajoute celle de la mémoire de travail (Baddeley, 1986) qui repose sur l’existence d’un système de capacité limitée capable bien sûr de stocker temporairement des informations mais aussi de les manipuler pendant les quelques minutes que requiert l’accomplissement de tâches cognitives comme la résolution de problèmes ou certaines activités de compréhension. La MCT n’est pas une passerelle entre les informations reçues et la MLT, cependant, les souvenirs destinés à laisser une trace à long terme passent nécessairement par l’espace de la MCT puis subissent un ensemble de mécanismes de consolidation et de maturation conduisant à la MLT. James Haxby et ses collaborateurs ont montré par une méthode d’imagerie par résonance magnétique que le sillon frontal supérieur, le cortex frontal inférieur gauche (activé par des visages) et certains neurones du cortex préfrontal (activés lors de l’arrivée de l’information) sont impliqués dans la MT. Notons que de par ses connexions avec les aires corticales motrices, on peut dire que le cortex préfrontal joue le rôle d’un centre exécutif qui planifie les actions et adapte le comportement aux informations, à mesure qu’elles se présentent.
La mémoire à long terme (MLT) : la MLT repose sur 2 systèmes distincts :
- La mémoire procédurale ou implicite qui concerne les habilités motrices, verbales ou cognitives qui ne nécessitent pas de faire appel à son souvenir conscient.
- La mémoire déclarative ou explicite qui concerne des processus d’accès conscient (explicite) à l’information et qui se décompose en 2 types :
* la mémoire épisodique ou mémoire autobiographique qui se réfère à des faits datés et localisés du passé individuel (exemple un travail effectué à telle date et tel lieu)
* et la mémoire sémantique qui se réfère à des faits, des connaissances connues de la majorité ou connues spécifiquement (selon profession, loisirs…).
On peut se demander maintenant où ces différentes mémoires se déroulent : Dès 1950, l’idée qu’il pouvait y avoir des centres nerveux spécifiques à chaque type de mémoire fut rejeté au profit de la conception selon laquelle la mémoire est distribuée dans des réseaux interconnectés qui, collectivement, représentent l’ensemble des expériences vécues par le sujet. En fait, toute mémoire dépend in fine de modifications durables des communications entre cellules nerveuses sous-tendant un processus de consolidation.
La mémoire est donc un phénomène dynamique composé de différents systèmes qu’on ne peut pas isoler des autres fonctions cognitives. Ainsi l’examen clinique de la mémoire doit s’intégrer dans le cadre d’une évaluation globale des fonctions supérieures.
Bibliographie de la page
La mémoire, cours de physiologie du Dr L. Kocher, université Claude Bernard Lyon1
The World Brain Atlas
The Navigable Atlas of the Human Brain