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Epidémiologie de l'infection à VIH en France

Par jauzein — Dernière modification 16/10/2015 10:04
Ecrit par Françoise Jauzein, enseignante de SVT, chargée d'étude à l'INRP, janvier 2007

 

Près de 25 ans après l'identification des premiers cas de SIDA en France, et surtout 10 ans après l'introduction des multi-thérapies antirétrovirales, l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine semble marquer le pas.

Cependant le risque demeure très élevés chez les homosexuels masculins et une forte inégalité face au risque d'infection existe pour les populations des départements français d'Amérique.

 

L'origine des données épidémiologiques sur l'infection VIH en France

Les données sont issus de 4 systèmes de surveillance coordonnés par l'institut de veille sanitaire (InVS).

Données issues des "LaboVIH"

Chaque semestre l'ensemble des laboratoires de villle et hospitaliers (LaboVIH, environ 4300) sont sollicités pour fournir leurs résultats. Les données recueillies sont les nombres de personnes testées pour le VIH (hors dons du sang) et les personnes confirmées positives pour la première fois par ce laboratoire.

Données issues de la notification obligatoire des diagnostics d'infection VIH

Depuis mars 2003 les biologistes doivent déclarer toute personne dont la séropositivité est confirmée positive pour la première fois dans leur laboratoire, en utilisant un code d'anonymat. Ces notifications sont adressées aux médecins inspecteurs des DDASS puis à l'InVS.

Surveillance virologique

Cette surveillance permet , parmi les découvertes de séropositivités, d'estimer la part des contaminations récentes (moins de 6 mois) et de suivre l'évolution des sous-types de virus circulant actuellement en France. Cette surveillance est un acte volontaire pour le patient, elle se fonde sur un test d'infection récente et un sérotypage par le Centre National de Référence (CNR).

Notification obligatoire des cas de SIDA

Depuis 1986 les cliniciens doivent déclarer tout patient présentant une pathologie inaugurale du SIDA (selon la définition européenne: BEH 1987/51 et 1993/11). Cette notification se fait comme pour le diagnostic d'infection HIV, de façon anonyme. Elle permet de caractériser la population de personnes au stade avancé de la maladie, qui sont en échec thérapeutique ou qui n'ont pas eu accès un un dépistage ou au traitement antirétroviral.

 

Un nombre de séropositivité qui diminue

 

 

Nombre de tests et de séropositivités en France

 

Le nombre de sérologies VIH pratiqués (courbe bleue) a connu depuis 2002 une forte hausse. En 2006, 5 000 sérodiagnostics ont été pratiqués (ce qui représente 80 pour 1000 habitants). Une circulaire de janvier 2006 a abrogé la recommandation de dépistage pré et post-transfusionnel, ce qui a pu influencer le nombre de tests réalisés.

Le nombre de sérologies positives (courbe rouge) est de 11 000 en France, en 2006. Parmi celles-ci environ une sur dix a été faite dans un cadre anonyme (CDAG: Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit). La proportion de sérologies positives parmi toutes celles pratiquées est de 2.2/1000 , elle est légèrement plus élevée (3.5/1000) pour celle qui sont pratiquées dans un cadre anonyme.


Les sérologies confirmées positives ne correspondent pas toutes à des découvertes de séropositivité car elles incluent des sérologies faites plusieurs fois pour la même personne dans plusieurs laboratoires.

Source
 

 Découvertes de séropositivités et mode de contamination

DecouvSeropoFr.jpg DecouvSeropoFrMod.jpg

Sur la graphe de gauche, on observe une diminution globale des découvertes de séropositivité en France , depuis 2005 (attention données fournies par semestre).

Le graphe de droite présente le détail selon le mode de contamination. On note ainsi que cette diminution concerne surtout les personnes contaminées par rapport hétérosexuel.

Source

 

Découvertes de séropositivité par sexe et mode de contamination

 

Découverte séropositivité selon mode de contamination

Le tableau ci-dessus fournit le nombre de découverte de séropositivité en 2006 en fonction du mode de contamination et du sexe.

Source

 

Sexe, nationalité et mode de contamination

La proportion d'homme a progressivement augmenté parmi les découvertes de séropositivité (passant de 58% en 2003 à 64% en 2006) , ceci étant lié à l'augmentation constante durant cette période de la proportion d'hommes contaminés par voie homosexuelle.

C'est égalemnt parmi les hommes homosexuels que l'on trouve la plus forte proportion d'infections récentes (en moyenne 40% depuis 2003, contre 25% chez les hétérosexuels français et 10% chez les hétérosexuels étrangers)

Les personnes de nationalité étrangère représentent 37% des découvertes de séropositivité en France en 2006 (ce qui correspond à 56% des découvertes de séropositivité chez les femmes et 27% chez les hommes). Les 3/4 de ces personnes étrangères sont de nationalité d'un pays d'Afrique sub-saharienne. Ce taux reflète en partie les flux migratoires en provenance de pays à forte prévalence (Cameroun, Côte d'Ivoire, Congo Brazaville et Mali).
De 2003 à 2006, le nombre de découvertes de séropositivité chez des enfants semble en baisse (33 en 2003, 36 en 2004, 27 en 2005, et 13 en 2006). Un tiers des enfants nés en France entre 2003 et 2006 et découverts séropositifs ont été contaminés à cause d'un échec de la prévention de la transmission materno-foetale.

Pour résumer, l'évolution récente du nombre de découvertes de séropositivité présente les caractères suivants:

- les hommes sont principalement contaminés par rapport homosexuels  et les femmes par rapport hétérosexuel

- chez les hommes contaminés par voies sexuelle (HSH Homme ayant des rapports sexuels avec des hommes) les découvertes de séropositivité ont augmenté jusqu’en 2005 et se sont stabilisées ensuite

- chez les hommes hétérosexuels le nombre de découverte de séropositivité est en baisse depuis 2005

- le nombre de contamination par voie intraveineuse est faible et plutôt en diminution

 

Répartition géographique

La répartition de ce nombre de découvertes de séropositivité, sur le territoire métropolitain, dans les départements français d'Amérique (DFA) et à la Réunion, , présente une forte hétérogénéité.

 

Serologie positive en France

Cette figure présente les résultats de l'activité de dépistage du VIH et des notifications obligatoires , par région , pour la France, en 2006.

Source

 

 

Découvertes d'une séropositivité et dimension temporelle

 

Age lors de la découverte de la séropositivité

L'âge moyen au moment du diagnostic d'infection VIH est, en 2006, de 37.7 ans, pour l'ensemble des cas, les femmes étant en moyenne plus jeunes (34.9 ans) que les hommes (39.3 ans). Cet âge a tendance à augmenter (il était de 36.6 ans en 2003).

Motifs de dépistage et stades cliniques

Le premier motif de dépistage reste la présence de signes cliniques (pour 25% des cas chez les femmes et 35% chez les hommes en 2006). Il peut faire suite à une exposition à un risque (16% chez les femmes et 25% chez les hommes). Enfin la grossesse est un motif de dépistage important (17% des dépistages chez les femmes).

 

 

 Répartition stades découverte séropositivité

Répartitions des stades de l'infection au moment de la découverte de la séropositivité, en France, entre mars 2003 et septembre 2004. INVS DO VIH 30.09.04

Source

Evolution stades découverte séropositivité

Evolution de la répartition des stades de l'infection au moment de la découverte de la séropositivité.
Entre 2003 et 2006, la proportion de découvertes de séropositivité tardives,  au stade de la maladie SIDA , a baissé.Celle correspondant à un diagnostic précoce , au stade de la primo-infection, a augmenté récemment.
Source

Surveillance virologique

Cette surveillance permet d'obtenir des données sur la période d'infection et sur le type de virus impliqué.

Le test d'infections récentes (moins de 6 mois) a été pratiqués en 2006 sur 80% des tests positifs. La proportion d'infections récentes est plus élevée chez les hommes (28%) que chez les femmes (15%), et chez les homosexuels par rapports aux personnes contanminées par raports hétérosexuels. Elle est également plus élevée chez les moins de 40 ans.

En 2006, le type de virus VIH-1 ou VIH-2 a pu  être déterminé pour la quasi-totalité des séropositivité découvertes. La proportion des contaminations par le VIH-2 est de 2.0%. Certaines personnes sont co-contaminées par les deux virus.

Chez les personnes contaminées par le VIH-1, la très grande majorité sont du type M (un seul cas de type O en 2006). Et chez ceux du type M , 42% sont  du sous-type non -B.

Ces éléments sont extrêmement importants pour le pronostic de l'individu.

Voir la page relative à la surveillance virologique

 

 

L'essentiel des chiffres de l'année 2006

La France est un pays dans lequel le nombre de sérologies VIH réaliséés est important (5 millions de sérologies réalisées en 2006)

Sur l'année 2006, 6300 découvertes de séropositivité ont été faites

Une personne sur 3 est originaire d'Afrique

Une personne sur 4 est contaminée par rapports homosexuels

Il y a très peu d'usager de drogues parmi ces découvertes

Il y a eu 1200 nouveaux cas de SIDA

 

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Sources bibliographiques

Situation épidémiologique du VIH en FRance et son évolution. L'activité de dépistage en France

Epidémiologie de l'infection par le VIH

Epidémiologie du VIH-SIDA chez les migrants en France