Des blés sauvages, des blés anciens, des blés modernes, un matériel exceptionnel pour établir des comparaisons
C'est à un véritable remodelage de l'anatomie et de la physiologie de la plante auquel se sont livrées les populations humaines successives, d'abord empiriquement pour les premiers agriculteurs de la préhistoire, puis de façon intentionnelle et systématique pour les sélectionneurs modernes. Une analyse de la plante, suivant la logique de construction de celle-ci de la germination d'une graine de la génération n à la production d'une graine mature représentant le début de la génération n+1, permet de dégager les éléments les plus pertinents de ce remodelage. Comparaison rendue possible par la diversité des accessions de blés présentes dans la nature.
Encore présentes peut-on être tenté de dire concernant les espèces sauvages sur lesquelles des menaces de disparition pèsent. Toujours présentes pouvons-nous ajouter pour les variétés anciennes, locales, très locales parfois, sur lesquelles pèsent aussi de lourdes menaces. Se profile ici on le comprend une amorce de discussion incontournable sur la gestion de la diversité génétique du blé.
Blés anciens et blés modernes, la sélection appliquée par les généticiens et les agronomes
L'analyse des variétés de blé commerciales qui sont apparues progressivement au début du XXe siècle fait ressortir quelques tendances nettes.
- Phase végétative
- Un ratio biomasse aérienne/biomasse souterraine qui croît sans affecter la capacité d'absorption de la plante
Diminution de l'appareil racinaire au profit de l'appareil aérien. Il existe une certaine confusion dans la littérature scientifique concernant l'évolution de ce trait anatomique. Par ailleurs les études consacrées à l'appareil souterrain ne sont pas particulièrement nombreuses et il est vrai que les agronomes et les généticiens se sont rarement intéressés à ce qui se passait sous la terre, se focalisant avant tout ce qui se passait au dessus. Pour certains auteurs les racines ne sont pas essentielles pour la plante et constitueraient même un handicap, une part de l'énergie disponible pour la plante étant divertie par l'appareil racinaire aux détriments de l'appareil aérien et plus particulièrement bien sûr en défaveur de la production de grains. Vision un peu iconoclaste puisqu'il est évident aussi que sans ses racines la plante ne saurait fonctionner normalement! Mais il est vrai qu'une plante convenablement alimentée peut se contenter d'un système racinaire assez réduit. On le constate avec la fertilisation azotée qui lorsqu'elle est élevée contribue à réduire fortement la taille des racines. Mais, à l'inverse, de nombreux auteurs soulignent aussi tout l'intérêt d'un appareil racinaire conséquent et il semble acquis maintenant qu'une part importante de la réussite des Blés de la "Révolution verte" tient à des performances accrues de leur appareil racinaire.
Pourtant l'aptitude à absorber les éléments minéraux (p ex les nitrates) ne diminue pas
Une hypothèse suggère même une compétition au niveau de la racine entre l'absorption des nitrates (flux acropète) et le transport des auxines (flux basipète)
- Phase reproductrice
- Une montée plus rapide à floraison
- Un ratio grain/paille qui augmente
Globalement :
- un cycle qui tend à se raccourcir
- une stature de la plante qui diminue
- un rendement qui croît de façon spectaculaire
Blés sauvages et blés domestiqués, la sélection empirique menée par les premiers agriculteurs
une différence essentielle de taille (et de masse) du grain, de déhiscence qui maintient le grain sur l'épi qui lui-même ne se détache pas de la tige et une très forte productivité