TD : Lien entre développement durable et croissance
Document proposé par SES-Grenoble (Académie de Grenoble) pour la classe de terminale ES
Thème du programme : croissance, capital, progrès technique
Point de programme : les limites de la croissance économique
Pré-requis : savoir définir croissance et développement. Connaître les sources de la croissance.
Objectifs de la séquence : - Définir le développement durable ; montrer la pluralité des approches ; les controverses, autour d’une notion du programme de TES (et donc à la pluralité des sciences économiques) ; Savoir collecter de l’information et produire une synthèse
Modalités de travail : variable selon les séquences
Supports : documents élèves distribués ; tableau ; vidéoprojecteur pour compilation / transparents , Activités réalisés à partir des cahiers français n°337 Mars avril 2007, Développement et environnement
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Activité de prise des représentations (25 minutes)
Travail seul ; 5 minutes, puis à 4, puis mise en commun
Objectif : travailler sur les liens, les inter relations entre croissance et environnement
Une citation : qu’en pensez-vous ?
«&nnbsp; Nous détruisons la beauté des campagnes parce que les splendeurs de la nature n’étant la propriété de personnes, n’ont aucune valeur économique. Nous serions capables d’éteindre le soleil et les étoiles parce qu’ils ne rapportent aucun dividende ». JM Keynes, 1933, republié en 2002 dans La pauvreté dans l’abondance, Paris, Gallimard.
Par groupe de 4 : compilation des réflexions sur transparent : discussions pour en garder un à livrer à l’ensemble de la classe ( transparent : souligner en rouge ) justifier le choix
Débat animé par deux élèves à partir de ces pistes : La croissance est–elle compatible avec le respect de l’environnement ? ( 10 minutes ) le prof prend en notes
Pistes attendues : Niveau de vie ; inégalités internationales ; externalités ; limites de la croissance ; la croissance n’est pas le développement …
Au fait, qu’auraient à nous apprendre les économistes sur cette relation entre croissance et développement ? Y-a-t-il du reste consensus entre ces derniers ?
L’élaboration du concept de développement durable
1-Croissance et développement
A partir de vos connaissances, et par groupe de Trois :
1- Rappelez les définitions respectives de croissance et développement
2- Montrez que la croissance permet le développement
3- Montrez que le développement ne se réduit pas à la croissance
L’économie du développement, courant hétérodoxe qui va se développer après la seconde guerre mondiale, pose la question de la différence entre croissance et développement. Pour F. Perroux, tandis que la croissance est « l’augmentation soutenue, pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux qui rendent la nation apte à faire croître cumulativement et durablement son produit global réel ».
L’économie du développement met l’accent sur les inégalités de développement entre les régions du monde, et à l’intérieur même des Etats, mais ne se préoccupe guère d’environnement jusque dans les années 60. C’est alors à la faveur de la conjonction de plusieurs facteurs : évolution des valeurs et des normes sociales (société post-industrielle), multiplication de catastrophes écologiques de grandes ampleurs, que des mouvements écologiques vont se structurer contribuant à l’émergence de l’impératif écologique.
C’est ainsi qu’en 1972, à la demande du Club de Rome, est publié le rapport Meadows. Une équipe de chercheur produit une vision systématique des relations entre croissance et environnement à partir d’un travail de modélisation et conclut à l’existence d’une corrélation entre croissance économique, dégradation de l’environnement et épuisement des ressources.
La prise en compte de l’environnement par les économistes devient donc un impératif.
2- Le concept de développement durable
Les Nations-Unis animent la réflexion autour de la conciliation entre croissance et développement. La Commision mondiale pour l’environnement et le développement (CMED) publie en 1987 « notre avenir à tous » , cette commission est présidée par Gro Harlem Brundtland. Ce rapport est à l’origine du concept de développement durable.
On trouve explicitement dans ce rapport la proposition d’un « développement soutenable » ou « développement durable » qui « réponde aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Fondée sur un double principe d&rsrsquo;équité inter et intra-générationnelle, cette proposition croise les dimensions sociales et environnementales, conciliant les préoccupations du Nord avec les exigences de développement du Sud. La CMED invite la communauté internationale à mener différentes actions : maîtriser la croissance démographique, fixer un prix aux ressources naturelles selon leur rareté relative, modifier les structures de production et de consommation afin de maintenir à un niveau approprié le stock de ressources rares. Extrêmement ambitieuse – mais jugées absolument nécessaires-, de telles actions ne peuvent être lancées que par concertation entre les nations. Les différents Sommets mondiaux, à Rio en 1992, à Johannesburg en 2002, ont permis de débattre de ces propositions et parfois d’initier une mise en œuvre concrète.
Ressource : « Développement et environnement », cahiers français n°337, Mars avril 2007, page 6
Questions :
1- Qu’est-ce que le développement durable ? Quelles sont les différentes dimensions du développement durable ?
2- Expliquer et illustrer la phrase soulignée.
Au milieu des années 80 , la communauté internationale se saisit donc de la nécessité de concilier croissance, développement et environnement. Toutefois, face à cet impératif, les réponses des économistes divergent.
Les débats contemporains autour du développement durable
Groupes de trois élèves spécialisés sur une approche :
- Lisez le texte ci-dessous
- Résumez l’approche développée concernant les liens entre croissance et développement (sous forme de tirés pour chaque idée principale)
- Vous êtes un économiste qui défendez cette position : préparez –vous à présenter votre approche à un économiste qui ne partage pas votre point de vue.
15 minutes de préparation
10 minutes de débat : reconstitution des groupes avec un « spécialiste » de chaque texte ci-dessous.
Feuille de compte–rendu du débat à fournir pour validation au professeur
| Les partisans de la «courbe environnementale de Kuznets » (texte 1) | Les partisans de l’économie écologique (texte 2) | Les partisans de la décroissance (texte 3) |
Résumé de la thèse et économistes qui la défendent |
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Points de convergence ou de divergence entre ces conceptions |
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Texte 1 : "La croissance comme solution aux problèmes environnementaux"
Prenant le contre-pied de Meadows et al. ( 1972), certains avancent que la corrélation entre croissance et pollution est un leg de la révolution industrielle. De nos jours, dans les pays développés, la tertiarisation des activités d’un côté, des politiques efficaces de l’environnement, de l’autre, contribuerait à défaire ce lien. Dans le cadre de travaux préparatoires à la signature de l’Accord de libre-échange nord américain ( ALENA), G. Grossman et A ; Krueger ( 1993) montrent que la pollution par le dioxyde de soufre augmente avec la croissance du PIB par habitant, jusqu’à atteindre un maximum, pour ensuite diminuer à mesure que le PIB par habitant continue à croître. La courbe qui prend la forme d’un U inversé entre pollution et revenu national évoque celle de Simon Kuznets sur le lien entre croissance et réduction des inégalités. En 1994, le département Environnement de la Banque mondiale, a même rebaptisé ce résultat « courbe environnementale de Kuznets ». Cette approche laisse penser que l’environnement est un bien de luxe auquel les pays en développement pourront accéder plus tard. Elle est optimiste sur la capacité de l’humanité à gérer les atteintes à l’environnement, y compris les dégradations irréversibles. La croissance n’apparaît donc plus comme la source des problèmes environnementaux, mais comme une solution.
Ressource : « Développement et environnement », cahiers français n°337 Mars avril 2007, page 7
Texte 2 : "L’ « économie écologique »"
Porté par des économistes hétérodoxes des années 60, 70 [...] parfois baptisé ecological economics, ce courant propose l'intégration au sein de l'analyse économique des élements et concepts forgés par l'écologie.[...] Pour un de ses précurseurs, René Passet (1979), la biosphère est un système intégrant le système social, qui lui-même englobe le système économique. Ainsi, ce qui est habituellement subordonné à la sphère économique doit désormais être pensé comme relevant d'une logique d'un niveau supérieur. Cette deuxième posture est à l'origine d'une autre conception de la durabilité, la "soutenabilité forte" , qui repose sur l'hypothèse d'une complémentarité entre le capital naturel et les autres facteurs de production. A partir du moment où l'on considère que la production de richesses nécessite des matières premières et de l'énergie, et produit des déchets, la notion de croissance change de sens. Economie et environnement deviennent étroitement interdépendants. Il ne s'agit plus de mesurer la valeur monétaire des biens et services produits, mais de rendre compte d'une croissance en termes de quantités d'énergie et de matières premières utilisées par les activités économiques. Une question se pose alors : jusqu'à quelles limites peut-on faire croître l'économie, dans la mesure où celle-ci dégrade l'environnement et, du même coup, porte atteinte à court ou long terme au bien-être des individus ? Comme l'exprime René Passet ( 2002), "Peut-on déclarer aujourd'hui que deux fois plus de voitures sur Terre, ce sera deux fois plus de bien-être ? (...) La croissance qui s'obtient en détruisant les êtres humains et le milieu naturel n'est pas un développement."
Ressource : "Développement et environnement" Cahier Français N°337, mars, avril 2007, page 7
Texte 3 : "La décroissance"
[...] Il faut mentionner l'émergence de visions très critiques du développement durable[...] Sur le plan des relations entre croissance et environnement, l'amélioration de l'efficacité énergétique des processus de production et de consommation est insuffisante, voire trompeuse, dans la mesure où l'économie réalisée est en règle générale plus que compensée par l'augmentation des quantités. D'autre part, la croissance ne s'accompagne ni d'une réduction des inégalités et de la pauvreté dans le monde, ni d'une amélioration sensible du bien-être. c'est donc la croissance elle-même qui est en cause et la société doit changer d'objectif. A travers la notion de décroissance, il s'agit de réduire le poids des activités nuisibles à l'environnement, de réorienter l'économie vers la qualité plutôt que de viser la quantité, de partager autrement les gains de productivité et de réduire le temps de travail.