La psychologie du malade
DES SYMPTOMES PSYCHOLOGIQUES ET COMPORTEMENTAUX ACCOMPAGNENT LE DECLIN COGNITIF
Les personnes touchées par la maladie d'Alzheimer ont plus ou moins conscience que le monde leur échappe. Ils sont en situation de réapprendre sans cesse. Ils se sentent dévalorisés lorsque leur entourage, ou d'autres, font apparaître, involontairement ou non telle ou telle erreur, et ils en souffrent. Encore mal pris en compte du fait d’un manque de formation des aidants familiaux et des professionnels de santé, cela peut engendrer de la part de la personne atteinte, irritation, ou même, violence et à l'inverse repli douloureux sur soi.
Tout cela traduit une grande vulnérabilité.
Quelle que soit la sévérité de la maladie, le symptôme le plus fréquemment rencontré est l’apathie (désignant un état de fatigue physique ou intellectuelle profond se caractérisant par une indifférence à l'émotion et aux désirs) suivie des symptômes dépressifs et de l’anxiété.
Selon les données récentes, l’existence d’antécédent de troubles dépressifs serait considérée comme un facteur de risque de maladie d’Alzheimer.L'humeur est très importante pour ces malades car la dépression entraîne elle aussi des troubles de la mémoire.
En phase pré-démentielle de la maladie, le symptôme d’apathie est le symptôme neuropsychiatrique le plus précoce.
Au stade démentiel, de nombreux symptômes sont présents chez plus de 80 % des patients, comme le soulignent les études européennes :
Ce sont sans doute ces symptômes non cognitifs associés qui vont entraîner le plus de difficultés au cours de l’évolution de la maladie.
Les symptômes neuropsychiatriques ou symptômes psychologiques et comportementaux des démences appartiennent au tableau clinique de la maladie d’Alzheimer. Ce sont les 1ères manifestations d’un dysfonctionnement cérébral.
Elles apparaissent spécifiquement à la suite d’une atteinte d’un système ou d’un circuit comme le système limbique ou les circuits cortico sous-corticaux. Il faut cependant souligner que ces modifications biologiques spécifiques sont nécessaires mais non suffisantes pour produire les symptômes neuropsychiatriques, car d'autres facteurs, en particulier psychologiques et sociaux, contribuent aussi à déterminer quel patient présentera les modifications comportementales.
L’évaluation des symptômes neuropsychiatriques ou symptômes psychologiques et comportementaux des démences par des outils spécifiques est indispensable tant au moment du dépistage, du diagnostic qu’au cours de l’évolution.Cette évaluation doit remplir différentes conditions :
- en complément de l’Inventaire neuropsychiatrique (NPI ouNeuropsychiatric Inventory) qui est l’instrument de référence, il est nécessaire d’utiliser des instruments centrés sur l’évaluation d’une dimension spécifique (apathie, dépression au stade précoce, agitation, hyperactivité, psychose dans les stades modérés à sévères) ;
- même si l’évaluation de l’accompagnant reste la référence, l’évaluation doit aussi prendre en compte le point de vue du patient et du clinicien ;
- l’évaluation du clinicien doit tenir compte des réponses aux questionnaires standardisés mais aussi de l’observation directe des comportements du patient au cours des situations cliniques(consultation, hospitalisation de jour, passation de tests neuropsychologiques);
- afin d’effectuer une évaluation qui soit la plus objective possible,le recueil précis de la fréquence des troubles doit être dissocié de l’évaluation de la gravité ;
- elle doit s’accompagner de la recherche de causes somatiques ou d’une iatrogénie (Désigne l'ensemble des incidents et accidents secondaires à la prise de médicament ou à la réalisation d'un acte diagnostique ou thérapeutique, médical ou chirurgical. La iatrogénie n'implique pas nécessairement une faute médicale) pouvant expliquer au moins partiellement l’apparition des troubles ;
- elle doit enfin apprécier le retentissement sur l’autonomie et sur les activités de la vie quotidienne. Dans la majorité des cas, l’évaluation est effectuée à partir d’un entretien avec un accompagnant informé des comportements du patient. Les auto-évaluations du patient sont moins utilisées. Les symptômes psychologiques et comportementaux ont des conséquences sur l’évolution et le mode de vie du patient (passage plus fréquent en institution) et également sur l’intensité du fardeau ressenti par l’accompagnant. Ceci conduit à toujours tenir compte de la dynamique entre le patient et l’accompagnant quand on est amené à évaluer ces symptômes.
sources:
- Synthèse du rapport de l'INSERM décembre 2007
- Association Ain Alzheimer
- Consultation mémoire Bourg en bresse