Présentation: Substitution sensorielle chez le non-voyant et plasticité cérébrale
Depuis fort longtemps, il est suggéré que les personnes non-voyantes auraient des capacités surprenantes voire supérieures dans des modalités sensorielles autres que visuelles.
Avec le développement des neurosciences et des techniques d'acquisition comme l'imagerie cérébrale, il est maintenant possible d'explorer le substrat neural des comportements, ici chez des personnes non-voyantes.
Les premiers résultats montrent que, lorsque les personnes non-voyantes exécutent des tâches non visuelles, des aires normalement vouées à la vision sont activées; ainsi lors de conditions s'intéressant à la lecture braille ( Travaux de Sadato et al.,1996), la mémoire verbale (Amedi et al.,2003 ), la localisation auditive ( Weeks et al.,2000) ou encore le traitement du langage ( Röder et al.,2002), une telle réorganisation fonctionnelle des aires visuelles a été observée.
Par ailleurs, si la lumière est le stimulus habituel qui engendre des sensations visuelles, la pression sur un oeil fermé procure aussi une sensation visuelle: la sensation d'un flash de lumière, tandis qu'une stimulation similaire sur le bras donne une impression de toucher. Les sensations de nature visuelle peuvent donc résulter non seulement de stimulations visuelles mais aussi de stimulations tactiles, par exemple.
Dès lors pourquoi ne pas imaginer que l'on pourrait percevoir une image avec les oreilles ? ou la langue ?
Certains dispositifs pour les non-voyants utilisent cette idée de substitution sensorielle.
Ces systèmes sont fondés sur la conversion des stimuli propres à une modalité sensorielle, que ce soit la vision, l'audition, le toucher ou l'odorat, en des stimuli propres à un autre sens. S'agit-il réellement d'une véritable substitution ? Certains auteurs préfèrent parler de suppléance perceptive.
Le dossier s'intéressera également aux dispositifs visuo-auditifs et visuo-tactiles utilisés actuellement.