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Vers des pratiques culturales plus durables.

Par jfcarion — Dernière modification 04/07/2016 15:24
Réduire les intrants comme les pesticides passe par les mesures de l'impact des pesticides, le piégeage des larves, l'organisation spatiale des vergers et la culture de cultivars résistants.

Travail de Pascale Naim

a. Réduire l’impact des intrants : une nécessité.

b Utiliser la confusion sexuelle pour lutter contre le carpocapse.

c. Piéger les larves de carpocapse au moment de la nymphose.

d. Revoir l’organisation spatiale des vergers pour une régulation naturelle des bio-agresseurs.

e. S’interroger sur l’utilisation de cultivars résistants pour contrôler la tavelure du pommier et réduire les traitements.

f. Réaliser des mesures d’impacts pour réduire les pesticides.

 

a. Réduire l’impact des intrants : une nécessité.

Un fruit ou légume, sur deux, comporte des résidus de pesticides et un sur dix en contient des doses toxiques selon la répression des fraudes (DGCCRF).
Les pommes sont traitées après chaque pluie, soit 26 fois au total en moyenne et contiennent, dans l’échantillon prélevé, 5 résidus différents.

http://www.dangersalimentaires.com/

Manger peut-il nuire à la santé


Une réflexion a donc démarré sur la « lutte intégrée » dont le principe est d’apporter une réponse « multifactorielle » à un problème lié à des bio-agresseurs. Pour cela on préconise une combinaison entre :

  • Des mesures agronomiques,
  • Une sélection de matériel végétal résistant, ou moins sensible,
  • Une lutte biologique en utilisant des « auxiliaires » ou agents biologiques antagonistes aux bio-agresseurs,
  • Le piégeage, dans le cas de certains ravageurs,
  • La lutte chimique lorsque celle-ci s’avère indispensable, est donc proposée en fonction des espèces cultivées et des bio-agresseurs existants.

Quelques exemples sont développés.


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 b Utiliser la confusion sexuelle pour lutter contre le carpocapse.

Les phéromones utilisées pour la lutte par confusion sexuelle contre les insectes Lépidoptères ravageurs des cultures sont des substances volatiles qui interviennent dans la reconnaissance intraspécifique entre papillons mâles et femelles. Elles sont identiques aux substances attractives naturellement produites par les papillons femelles et sont synthétisées de façon industrielle.
Dans les cultures, les femelles des Lépidoptères ravageurs émettent un mélange phéromonal pour attirer le mâle et s’accoupler. L’apport de phéromones de synthèse dans l’atmosphère de la parcelle désoriente le papillon mâle, empêche l’accouplement et permet ainsi de rompre le cycle du ravageur avant l’apparition du stade nuisible. http://www.sumiagro.fr/pheromones-confusion-sexuelle.php 

sans confusion sexuelle avec confusion sexuelle

 

Carpocapse adulte Diffuseur de phéromone

 

  •   Avantages sur le plan agronomique:

· Utilisation possible en lutte intégrée et en agriculture biologique.
· Pas d’effet létal direct sur les espèces nuisibles. La méthode n’est pas destructive, le ravageur cible est maintenu en dessous du seuil de nuisibilité, et le maintien de la biodiversité est facilité.
· Respect de l’entomofaune et de l’acarofaune utiles.
· Méthode strictement préventive, interruption du cycle du ravageur avant son stade nuisible.
· Méthode de protection durable, a priori faiblement exposée au risque de résistance car les principaux composants phéromonaux produits naturellement par l’insecte sont repris et conservation de l’efficacité des insecticides disponibles.
· Absence de toxicité pour les abeilles et autres pollinisateurs.

Par contre ces techniques nécessitent des configurations de vergers adaptées (de grande taille et de forme régulière). Il n’est pas certain qu’une augmentation des surfaces en confusion très au-delà des 50% de vergers actuels (2009) puisse se faire dans des conditions très favorables à une forte réduction des traitements insecticides. A moyen terme, des ravageurs secondaires pourraient se substituer à ceux qui sont combattus par de telles méthodes très spécifiques (potentialisation en cours de la tordeuse orientale en vergers de pommiers et de poiriers, par exemple). D’après Ecophyto Ret D INRA.

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c. Piéger les larves de carpocapse au moment de la nymphose.

La pose de bande de carton alvéolée, autour des troncs, permet de capturer les chenilles qui se transforment en chrysalides pour passer l’hiver. On peut ainsi limiter le nombre de papillons pour l’année suivante.
Une bande de carton alvéolée d’environ 15 cm de largeur est placée autour de l’arbre à une trentaine de cm du sol. La bande doit être placée courant juin (mi-juillet au plus tard). Les larves vont venir se loger dans les alvéoles pour la nymphose. A la mi-octobre (mi-novembre), les bandes sont retirées et brûlées.

http://www.vergers-vivants.fr/
 

La lutte mécanique, par ramassage des fruits tombés au sol et pouvant contenir encore des chenilles, permet aussi de lutter contre le carpocapse.

 

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d. Revoir l’organisation spatiale des vergers pour une régulation naturelle des bio-agresseurs.

Les caractéristiques biologiques du carpocapse (capacité de dispersion, forte préférence pour les fruits à pépins) laissent penser que son abondance dépend également de la distribution spatiale des vergers à l’échelle d’un paysage agricole (qualité, abondance et connectivité de son habitat).
 Pour vérifier cette hypothèse, l’abondance des carpocapses dans 80 vergers commerciaux situés dans un paysage de 50 km² a été mise en relation avec une cartographie des occupations du sol. (INRA Avignon)
Il a ainsi pu être montré que le carpocapse est moins abondant dans les vergers de fruits à pépins entourés d’autres vergers similaires, probablement parce que ces configurations spatiales ne permettent pas au carpocapse de se soustraire aux traitements insecticides. Les trajets de femelles entre deux évènements de ponte à partir d’analyses génétiques ont également été reconstitués. Ces trajets ont lieu très majoritairement au sein des vergers, mais il a pu être mis en évidence quelques évènements de dispersion entre des vergers distants, ce qui conforte l’idée d’une gestion à une échelle supra-parcellaire.


 

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e. S’interroger sur l’utilisation de cultivars résistants pour contrôler la tavelure du pommier et réduire les traitements.

La recherche de variétés résistantes à la tavelure est une voie privilégiée par les sélectionneurs. Utiliser des variétés résistantes pour contrôler le développement de la tavelure du pommier permettrait une réduction des traitements phytosanitaires dans les vergers commerciaux.
Toutefois, la durabilité de cette stratégie doit être interrogée, car Venturia inaequalis (champignon responsable de la Tavelure) peut évoluer en s’adaptant et en contournant les gènes de résistance des pommiers. Les résistances partielles limitent le développement du champignon et sont considérées comme plus durables que les résistances totales qui exercent une forte pression de sélection sur l’agent pathogène. Toutefois, des simulations théoriques prédisent que les résistances partielles peuvent sélectionner des souches du champignon possédant un fort niveau d’agressivité, ce qui conduirait à une diminution de l’efficacité de la résistance dans le temps. Ce processus a rarement été démontré expérimentalement.
 

Symptômes de tavelure causé par les champignons Venturia asperata (a) et Venturia inaequalis(b)

http://www.angers-nantes.inra.fr/Toutes-les-actualites/Tavelure-du-pommier

Il faut donc associer les méthodes de luttes grâce à:
- L’utilisation de pommiers très peu sensibles à la tavelure
- La destruction de litière foliaire
- L’application de fongicides seulement en cas de nécessité
 

D'après INRA    

 

http://inra-dam-front-resources-cdn.brainsonic.com/ressources/afile/236031-eab8d-resource-la-tavelure-du-pommier.html

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f. Réaliser des mesures d’impacts pour réduire les pesticides.

 Les résultats de l'étude Ecophyto R&D, coordonnée par l'INRA et réalisée à l'initiative des ministères de l'Agriculture et de l'Environnement, indiquent qu'il est possible d'obtenir une réduction de l'ordre de 30% du recours aux pesticides, avec des changements de pratiques substantiels, mais sans bouleversement majeur des systèmes de production.
 

Etude Ecophyto Quelles voies pour réduire les pesticides ? INRA Janvier 2010
http://inra.dam.front.pad.brainsonic.com/ressources/afile/224979-c9978-resource-ecophyto-r-d-synthese.html

  •  Un outil informatique de mesure d’impact : Indigo de l’INRA.

Une série de 10 indicateurs agri-environnementaux ont été développés qui permettent d'évaluer, de façon simple et lisible pour l'utilisateur, l'impact des pratiques agricoles sur l'environnement. L'indicateur «Phytosanitaires» (I-PHY) fait l'objet d'une forte demande, c'est pourquoi a été développé un logiciel, commercialisé en 2000, pour aider les utilisateurs à faire le choix de leurs traitements pesticides en tenant compte de l'impact de ceux-ci sur le milieu.
Chaque indicateur est présenté sous forme d'un indice entre 0 (risque maximal pour l'environnement) et 10 (risque nul), avec une valeur recommandée à 7. Cette valeur correspond à un risque minimum qui puisse être atteint de manière réaliste en appliquant les recommandations de la Production Intégrée. Les indicateurs calculés par le logiciel sont : assolement, succession culturale, matière organique, phosphore, azote, phytosanitaire, irrigation et énergie.

http://www7.inra.fr/indigo/fra/introduction.html

La méthode INDIGO, une version démo du calcul de l'indicateur I-Phy, proposé par l’INRA.                      DEMO

 

  •  Indicateurs d’impact
    Plus encore que pour les autres cultures, en raison particulièrement d’un plus fort recours aux insecticides chimiques, les impacts environnementaux en arboriculture dépendent fortement du choix des produits. Les insecticides microbiologiques utilisés en agriculture biologique, ont en effet une toxicité sur les différents compartiments de l’environnement très inférieure à celle des insecticides de synthèse utilisés en production intégrée, majoritairement des neurotoxiques.


- L’indicateur I-PHY arbo, est adapté à l’arboriculture par l’INRA et le CTIFL à partir de la méthode Indigo de l’INRA. Il évalue l’impact environnemental d’un programme de traitements en fonction de risques :
o d’entraînement vers les eaux de profondeur et de surface,
o de propagation vers l’air,
o d’atteinte aux auxiliaires et à la faune utile (abeilles et vers de terre).
Au niveau de la parcelle, plus la note est élevée (notation de 1 à 10) et moins les impacts sur l’environnement sont importants. Sur les jeux de données disponibles en vergers commerciaux, les valeurs de l'I-PHY arbo pour les niveaux 1, 2a, 2c et 3 s’établissent respectivement à 5,7, 6,2, 6,7 et 7,2.
 

Tableau . Les valeurs de rendement et du coût de protection pour un verger de pommiers
(Valeurs 2006 pour un verger en pleine production)

Niveaux 1 et 2a : références pour des vergers plantés en Golden delicious
Niveaux 2c et 3 : références pour des vergers plantés en variétés résistantes (changement nécessaire de variétés)
Les coûts de protection incluent le coût des produits et les coûts de main-d’œuvre.

A noter que les pertes de production associées aux niveaux de rupture 2 et 3 ne sont que partiellement liées aux problèmes phytosanitaires (pertes parasitaires liées à la moindre efficacité des produits et méthodes de lutte). Elles résultent également d'autres facteurs : les variétés résistantes actuelles sont un peu moins productives ; en agriculture biologique, l'interdiction de l'éclaircissage chimique peut conduire, malgré l'éclaircissage manuel, à une "alternance" (pas ou peu de production une année sur deux) ; le désherbage mécanique sur le rang retarde l'installation racinaire et la mise à fruit des arbres. D'où, sur la durée de vie du verger, une baisse de production en N3 estimée à 50%, à dire d'experts. Les performances sont meilleures en parcelles expérimentales, de même qu'on réduit beaucoup plus l'IFT qu'en verger commercial avec les mêmes techniques alternatives.

Deux exemples de valeurs de rendement et du coût de protection pour deux vergers de pommiers

  •  Des indicateurs biologiques peuvent être utilisés pour mesurer l’impact des traitements phytosanitaires sur les vergers de pommiers


 

http://orgprints.org/15486/1/31-Sauphanor.pdf

La mésange bleue (Parus caeruleus) et le moineau friquet (Passer montanus) ne s’installent que dans les vergers en AB. Et si la mésange charbonnière (Parus major) colonise l’ensemble des vergers, le nombre de jeunes produits, qui s’établit à 17/ha dans les vergers en AB, décroît significativement à 11 en confusion et à 9 en conventionnel.
Le suivi des paramètres de reproduction permet d’attribuer ces différences en premier lieu à une moindre installation puis à un plus fort taux d’abandon des nids par les adultes en parcelles traitées chimiquement. Ces deux paramètres sont conditionnés par la disponibilité en nourriture. L’abandon des nids est également induit par l’action neurotoxique des traitements altérant la capacité de nourrissage des adultes (Bouvier et al., 2005).

Au-delà de ces obstacles techniques, une réduction plus importante de l’utilisation de pesticides en arboriculture doit être obtenue :
- par un investissement accru dans la surveillance des bio-agresseurs autorisant une meilleure conformité au cahier des charges des méthodes alternatives de protection,
par une valorisation commerciale des productions respectueuses de l’environnement, au même titre que l’agriculture biologique, de manière à compenser les coûts engendrés par les protections alternatives et par une surveillance accrue des parcelles.

- par une redéfinition des normes de commercialisation des fruits. Une réduction de la contrainte de l’aspect visuel entraînerait-elle une réduction des applications de pesticides, et au prix de quelles adaptations techniques

 

 
Juliet   en vrac entre 4 et 5 €/ kg
 

Une pomme résistante à la tavelure,

  Peu sensible à l’oïdium, peu attractive pour le puceron cendré.

Potentiel de production de 60 tonnes/ha,

Qualité gustative excellente. 

Ariane en supermarché entre 2,80 et 3, 50 €/ kg

Le Pommier Ariane est né du travail des chercheurs de l'INRA, pendant 24 ans.

Porteuse du gène de résistance à la tavelure (réduction de 50% des traitements). 

Pomme bicolore, d'un beau rouge lumineux sucrée et acidulée, ferme et croquante.

 


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